Les vives critiques du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU sur le « manque de volonté politique » du gouvernement français face à une « recrudescence » des actes racistes et xénophobes n’ont pas été du goût des reponsables de la majorité. L’organisme, qui a en particulier dénoncé les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy sur les Roms ou les gens du voyage, a eu droit à une salve de critiques remettant en cause sa légitimité.
Le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a parlé d’un « montage pur et simple », rappelant que les critiques « émanent de personnes s’exprimant à titre individuel » et non de l’ONU. Le porte-parole de l’UMP, Dominique Paillé, s’est indigné de « sa composition (…) avec des gens qui viennent de pays qui ne respectent absolument pas les droits de l’homme ». « Tous les pays qui en font partie ne sont pas des exemples de démocratie vivante ni des exemples du respect des minorités, a renchéri le député UMP du Nord Christian Vanneste, l’Algérie, la Russie, la Roumanie, qui traitent très mal les Roms chez eux. »
Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale est un organe autonome dont les 18 membres, »experts connus pour leur haute moralité et leur impartialité », siègent pendant quatre ans à titre individuel.
Sa composition « tient compte d’une répartition géographique équitable et de la représentation des différentes formes de civilisation ainsi que des principaux systèmes juridiques », et ses membres sont élus par les Etats ayant signé la Convention internationale de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965. Cette convention est au cœur de la mission du comité, puisque ce dernier surveille sa mise en application par les pays signataires. Il s’agit donc d’un comité autonome, mais extrêmement lié à l’ONU.
« DES EXPERTS À CENT LIEUES DES RÉALITÉS »
Outre les critiques sur le Comité même, la majorité estime que l’organisme fait fausse route. « Pourquoi il y aurait tant de candidats à l’immigration, s’interroge Dominique Paillé. Il y a d’une part ce qui est pointé du doigt par des experts qui sont à cent lieues des réalités et d’autre part la politique que nous menons qui est efficace et qui garantit les libertés. » Quant au ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, principal artisan de ce volet de la politique gouvernemental, il a assuré qu’il « n’y a aucune volonté de stigmatiser une communauté, il s’agit de faire respecter la loi ». « Ce comité se trompe, nous avons un pays qui respecte les principes démocratiques et républicains et les droits de l’homme, c’est incontestable », a affirmé Claude Guéant.
A l’inverse, France Terre d’asile (FTA) et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) ont appelé les politiques à prendre en compte ces critiques. « Notre pays se trouve montré du doigt et une partie de notre identité nationale, la France pays des droits de l’homme, se trouve ternie », s’inquiète notamment le MRAP. FTA qualifie les démantèlement des camps de Roms, de « démonstrations de force qui ne résolvent rien ». Plus de 40 camps illégaux de Roms ont été démantelés en France en quinze jours, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.
LeMonde.fr