Les responsables algériens excellent dans l’art tiers-mondiste de la censure, la pratiquant désormais sur le tas, avec improvisation et à tous les niveaux.
Dans son édition du samedi 30 octobre 2010, le quotidien arabophone «El Khabar» nous livrait une intrigante «enquête» qui devait traiter des «dessous» du Salon international du livre «Sila».
Il est tout de même très inquiétant de voir un média qui a 20 ans de métier arrivait à cautionner des pratiques aussi scandaleuses. De quoi s’agit- il ?
Eh bien, L’«enquête» en question traite des livres interdits d’exposition et de vente en Algérie. On y apprend que pas moins de 17.600 titres ont étaient interdits d’entrée en Algérie à occasion du «Sila». Au delà du fait-même qu’interdire des livres et les censurer est en soi un acte discutable, pour rester soft, c’est la nouvelle façon de le faire qui intrigue sérieusement. Selon «El Khabar», la besogne est désormais confiée à une cellule spéciale de Douaniers installée dans l’enceinte du «Sila» spécialement à cet effet. C’est derniers pratiquent un droit de regard inexplicable sur les titres, se permettant d’interdire ceux qui leur semblent «suspects», le tout avec l’improvisation et l’appréciation des Douaniers comme seuls outils intellectuels de sélection.
Le pire est que le journaliste d’«El Khabar» nous décrit cette cellule et ses pratiques comme étant un rempart, presque une bénédiction pour les lecteurs algériens, allant même jusqu’à cautionner ce genre de pratique.
Cité par l’«enquête», un Douanier nous dit que quand il s’agit, selon lui, de livres portant atteinte à la religion ou à la nation et il n’hésite pas à prendre des mesures sans attendre les instructions. Il rajoute que, dans certains cas, les autorités «habilitées» à censurer les livres omettent d’en interdire certains, ce qu’il ne l’empêche pas lui de le faire de sa propre initiative!
La censure institutionnalisée ne suffisant pas, ce sont maintenant les Douaniers qui s’y mettent. Tout ça, sous le regard bien complaisant du journaliste d’«El Khabar». Où va-t-on ?
Nina A.