Son passé judicaire le rattrape au Canada: Cheb Mami déprogrammé du Festival du Monde Arabe de Montréal*

Redaction

Le Festival du Monde Arabe (FMA) de Montréal a annoncé mardi l’annulation du spectacle de Cheb Mami, prévu le 26 novembre à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, en raison d’une controverse entourant son passé judiciaire.

En entrevue avec Radio-canada.ca, le directeur général et artistique du FMA, Joseph Nakhlé, a expliqué que cette décision avait été prise en raison de la couverture médiatique entourant la tenue du spectacle.

Les propos du Journal de Québec, du Journal de Montréal, du blogue de Richard Martineau et de la station de radio 98,5 FM, a-t-il précisé, ont été pour le FMA « un signe que cette controverse pourrait nuire aux objectifs rassembleurs du festival », la mission du festival étant de « rapprocher les cultures ».

« Certains de ces médias n’ont jamais couvert adéquatement le FMA, et là on se retrouve en une », a-t-il souligné. Il soutient que le spectacle a été annulé pour « terminer la controverse ».

Aujourd’hui, il y a une sensibilité par rapport à ce sujet au Québec, dans des dimensions assez importantes. On fait nos choix en fonction de la globalité de l’opinion publique. […] C’est dans l’intérêt de tout le monde qu’on a annulé ce spectacle.

M. Nakhlé a ajouté qu’aucun partenaire financier n’avait menacé d’annuler son appui au festival, de même que les membres de la communauté arabe.

Étant donné que le spectacle de Cheb Mami ne se trouvait pas dans la programmation du FMA, qui se tient du 30 octobre au 13 novembre, le chanteur ne sera pas remplacé.

Sorti de prison depuis mars

L’artiste algérien de 45 ans, condamné à cinq ans de prison en 2009 pour avoir tenté de faire avorter de force une ancienne amie intime, a été libéré en mars dernier.

Arrêté en France en 2006, il avait été remis en liberté provisoire quelques mois plus tard. Il est alors retourné illégalement en Algérie, se faisant arrêter à nouveau à son retour en France, en 2009. Dans une entrevue accordée au Quotidien d’Oran en 2007, il s’était défendu d’avoir bénéficié de la protection du président algérien Abdelaziz Bouteflika pour quitter la France en 2006.

« Abdelaziz Bouteflika est l’ami de tous les Algériens. Je ne suis pas son ami personnel, d’ailleurs on n’est pas du même âge. Il est vrai, c’est connu par tous, j’ai soutenu Bouteflika dans sa campagne et son programme, ce que je continuerai à faire toujours. Ceux qui font cette analyse qui n’en est pas sont ceux-là mêmes qui veulent ternir l’image du grand chanteur algérien qu’est Cheb Mami, ne se contentant pas de criminaliser outre mesure de simples faits délictueux qui encore sont fort contestés et non établis et pour de sombres desseins, veulent aussi politiser mon affaire », avait-il déclaré.

Ceux qui se sont insurgés contre la présence du chanteur de raï à Montréal ont notamment rappelé l’annulation de la participation de Bertrand Cantat à une pièce de Wajdi Mouawad, en avril dernier. Le chanteur français avait été condamné pour le meurtre de sa femme, Marie Trintignant.

Source : radio-canada.ca
(*) Le titre est de la rédaction

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