De hauts responsables de la Police Algérienne seraient à Genève, dans le cadre d’une «collaboration étroite» avec la Police helvétique pour trouver une stratégie afin de débusquer et expulser les sans papiers algériens, rapporte le journal suisse «Le Temps».
L’information de cette collaboration passée, entre les deux pays, en catimini a été confirmée auprès du porte-parole de la police genevoise, Jean-Philippe Brandt, souligne le journal suisse. De son côté l’Ambassadeur d’Algérie à Berne, Riache El-Haoués, approché par ce journal déclare que «l’Algérie avait auparavant signé avec la Suisse, en 2006, un accord de réadmission que nous sommes en train de mettre en œuvre».
En fait, les Suisses cherchent à trouver un cadre «légal» pour procéder au renvoi systématique de ces «délinquants qui continuent de poser des problèmes», indiquait jeudi la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf sur les ondes de la Radio romande. Selon cette conseillère, «une solution a été trouvée mais on travaille encore à l’améliorer» et ce, dans la cadre de ces contacts entre les deux Polices, qui devraient aboutir rapidement à la signature d’un protocole. Les responsables suisses se focalisent sur l’expulsion des sans papier et veulent un protocole consacré exclusivement aux questions de la migration. Dans ce contexte, «Le Temps» rapporte que les deux gouvernements, helvétique et algérien, s’apprêtent à signer, dans les prochaines semaines, un protocole qui prévoit l’accompagnement des personnes expulsées par des policiers algériens. Du côté suisse, cette collaboration s’inscrit dans la tradition de la Police helvétique qui avait auparavant passé des protocoles avec les polices roumaine et guinéenne, entre autres, pour procéder à des expulsions massives de sans papiers.
«Lacune»
Le protocole qui devrait être signé dans les prochaines semaines porte sûrement sur «la présence d’une escorte policière algérienne dans les avions», relève «Le Temps». Egalement, le journaliste relate que la présence des officiels algériens devrait réhabiliter la ville qui est devenue «une zone de non-droit». A cet effet, l’Office fédéral des migrations (ODM) confirme que cet accord de «réadmission est en vigueur depuis le 27 novembre 2007 et prévoit le renvoi de personnes en situation irrégulière sur des vols de ligne, à condition qu’elles acceptent de rentrer -ce qui est très rare». La présence de policiers algériens pour escorter les sans-papiers est censée trancher avec cette «lacune», comme la qualifie les responsables suisses.
Stigmatisation
C’est un véritable calvaire que vivent plusieurs centaines de sans-papiers algériens en Suisse. A Genève et son quartier Le Pâquis, les conditions de vie sont dures et indécentes pour ces Algériens en situation irrégulière. La presse locale se déchaîne sur eux. Ils sont qualifiés des superlatifs aussi comiques qu’intempestifs. Le journal helvétique «Le Temps» rapporte les propos d’une association du quartier Le Pâquis de Genève, l’Association des habitants et commerçants de la rue de Fribourg: «ils (les policiers algériens) avaient bien compris le dossier des petits prédateurs et nos craintes, non seulement par rapport à l’insécurité, mais aussi à la diversité et au risque de naissance de sentiments racistes». «Le Temps» relate, d’autres parts: «les ‘Zizous’ sont l’un des principaux soucis des habitants. Ces petits délinquants, très habiles dans les jeux de jambe et les coups de pied comme le célèbre footballeur, sont spécialistes des vols à la tire et des agressions». La connotation raciste, avec tous les sous-entendus médiatiques de pacotille culturelle est ressentie. D’après le journaliste, «le système des expulsions suisses est inefficace face à ces Zizous» qui seraient 250 personnes« , selon «Le Temps». «La plupart Algériens et sans papiers, parfaitement connus des services de police. A chaque fois qu’ils sont arrêtés, ils sont aussitôt relâchés», déplore le journaliste du Temps. Et de continuer: «les jours-amendes sont totalement inefficaces, soupire le maréchal Français, chef de la gendarmerie des Pâquis. Et avec le durcissement de la loi dans les pays voisins, la criminalité se rabat sur Genève».
De son côté l’Ambassadeur Algérien affirme que sur «les 337 demandes d’identification reçues en 2008 de l’ODM, 70 seulement correspondaient à des ressortissants algériens et que les 35 demandes de laissez-passer soumises par l’ODM ont toutes été satisfaites». «Tous les délinquants non identifiables n’hésitent pas à se déclarer comme Algériens», regrette l’ambassadeur. Mais lorsque le travail d’identification est fait, on revient à des chiffres insignifiants». Riache El-Haouès déplore, par ailleurs, une «stigmatisation infondée de la communauté algérienne, dont l’écrasante majorité est composée de cadres universitaires parfaitement intégrés».
Divergence
Ex abrupto, le journal suisse qui cite de hauts responsables helvétiques révèle: «il est faux de faire une relation directe entre migration et coopération au sens large entre l’Algérie et la Suisse». Aussi, l’Ambassadeur, Riache El-Haouès aurait démenti, d’après «Le Temps», «les rumeurs persistantes, selon lesquelles Alger conditionnerait sa collaboration dans ce dossier à l’extradition par Berne des islamistes algériens réfugiés en Suisse». Il relève, à cet égard, selon toujours le journal suisse, que «l’Algérie est le seul pays de la rive sud de la Méditerranée à avoir signé un accord de réadmission avec la Suisse, ce qui démontrerait sa disponibilité à coopérer et à assurer, aux ressortissants algériens, respect et dignité». «L’Algérie a souffert énormément du terrorisme qui, aujourd’hui, est une menace pour le monde entier», note l’ambassadeur. Ceci dit, les personnes condamnées par la justice algérienne pour leur implication dans des actes liés au terrorisme en Algérie et font l’objet de mandats d’arrêt internationaux diligentés par Interpol, ne rentrent pas dans le cadre de cet accord, d’après les responsables suisses.
Benachour.M.
Avec Le Financier