Tunisie. Me Houcine Bardi porte parole du PTT : « Notre action est en rupture radicale et définitive avec les méthodes honnies » du régime Ben Ali

Redaction

Tout un ensemble d’acteurs individuels et collectifs achève un idéal de raison que l’UGTT porte depuis sa création, en 1946, par Ferhat Nacheb. HACHED

Un nouveau parti politique, le Parti du Travail Tunisien, a été reconnu par le Gouvernement transitoire de la Tunisie post-dictatoriale, le vendredi 6 mai 2011.

Algerie-Focus a interrogé le porte-parole du PTT en France, Houcine Bardi (Docteur en Droit, Avocat au Barreau de Paris) pour en savoir plus sur ce nouveau parti politique tunisien.

Qu’elles sont précisément les finalités politiques de ce nouveau parti et peut-on parler d’absence de filiation immédiate entre l’UGTT et le PTT ?

Houcine Bardi
: L’UGTT, dans sa lutte, tout d’abord contre l’ordre colonial, puis contre les différents ordres politiques qui se sont succédés, reste un extraordinaire mouvement syndicaliste dont les visées stratégiques, sur le plan sociologique, concernent les droits et acquis des travailleurs. Le PTT n’a ni l’intention ni l’ambition d’empiéter de quelque manière que ce soit sur le terrain de l’UGTT, ni, a fortiori, la supplanter. Le PTT opère dans le champ politique et vise à prendre le pouvoir par les moyens démocratiques, seul ou avec d’autres acteurs politiques qui poursuivent les mêmes objectifs que les nôtres.

C’est un parti que l’on pourrait situer au centre gauche de l’échiquier politique tunisien. On défend, certes, les droits des travailleurs, et on mettra tout en œuvre en vue de les renforcer et les promouvoir. Cependant, notre programme couvre les aspirations de l’ensemble des tunisiens : travailleurs, chômeurs, jeunes, classe moyenne et petit et moyen capital productif, à l’exclusion du capital spéculatif qui a été, comme vous le savez, à l’origine de la dernière crise financière et économique mondiale.

En Tunisie, des régions entières (telles que Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa, Jendouba, etc. presque toute la moitié Ouest, du Nord au Sud de la Tunisie !) ont été totalement délaissées depuis des décennies . Elles constituent, de ce fait, une de nos priorités les plus insistantes. Nous avions prévu, à cet effet, une sorte de « discrimination positive régionale » afin d’opérer un rattrapage économique, social et infrastructurel… On bradait les entreprises, et pas des moindres, (ce que l’on pourrait appeler « les bijoux de l’Etat tunisien » aux proches de Ben, à ses amis et aux mieux offrants « en dessous des tables ».

Nous inscrivons notre action dans une logique de rupture radicale et définitive avec ces méthodes honnies, qui plus est contreproductives à long terme, dont les maitres-mots étaient : « privatisations « au dinar symbolique » , « clientélisme », « opacité », « arbitraire dans l’attribution des marchés », etc. France Télécom en sait quelque chose, elle qui a dû donner « en marge de la légalité » des millions d’euros pour « décrocher » le marché tunisien.

Les entreprises tunisiennes ne sont pas suffisamment outillées pour faire face à la puissance ravageuse du capital mondialisé et de ces mastodontes que sont les multinationales faisant parfois la pluie et le beau temps carrément à l’échelle étatique… L’Etat, tel que nous le concevons, a un rôle de premier plan à jouer dans la protection et l’aide substantielle, notamment, aux petites et moyennes entreprises pour qu’elles puissent résister face à la concurrence débridée des grandes multinationales… » affirme-t-il, entre autres.

Mais qui constitue donc ce nouveau parti, si ce n’est pas les syndicats de l’UGTT ? Quels sont les principaux acteurs politiques du PTT ?

Des travailleurs, des enseignants, des institutions, des secrétaires généraux, des syndicalistes, des associatifs, des chefs d’entreprise et plus généralement des entrepreneurs, des médecins, des avocats, des paysans, des pêcheurs, bref les vraies forces vives de la Tunisie

Quelques noms parmi les membres fondateurs peuvent d’ores et déjà être communiqués, parmi eux les onze ou douze personnalités figurant sur la liste de la demande de régularisation .

– Nawel Hachour, une étudiante de 24 ans, a crée l’association des juristes révolutionnaires.

– A. Ben Sédrine est un militant tunisien de 24 ans, défenseur des droits de l’homme.

– Sabrine Hassini
(30 ans), cadre commerciale dans le secteur des télécommunications.

– Lazhare Neciri
est un ingénieur de 28 ans.

– Mourad Gadhoumi
est Docteur en océanographie, chef d’entreprise, originaire de Kasserine.

Le président Abdel Jelil Bédoui, du parti des travailleurs tunisiens a été, quant à lui, membre de la ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), membre fondateur du conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), membre fondateur du RAID (Rassemblement pour une alternative internationale de développement. Il a aussi créé, depuis quelques années, une association spécialisée dans la défense des droits économiques et sociaux, membre de l’association vérité et justice pour Ferhat HACHED (leader syndicaliste et national tunisien assassiné par l’organisation terroriste, « la main rouge », officine des services secrets français, le 5 décembre 1952 )

Propos recueillis par par Fadéla Hebbadj

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