Tunisie : Tunis est calme mais la nervosité reste palpable

Redaction

Tunis s’est réveillée dans le calme dimanche. Le dispositif de sécurité, bloquant l’avenue Bourguiba dans le centre, a été un peu allégé avec la levée des barrières dressées la veille au travers des rues d’accès et une présence policière plus discrète.

Quelques rares cafés ont rouvert. Au marché central, un bon quart des étals sont approvisionnés en fruits et légumes mais les clients se plaignent d’une soudaine montée des prix.

L’armée est déployée à tous les endroits stratégiques de la capitale, notamment à l’aéroport international Carthage, devant la Banque de Tunisie et le siège du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) parti de l’ex-président Ben Ali .

DES COMITÉS DE VIGILES POUR FAIRE FACE AUX RISQUES DE PILLAGES

Durant la nuit, la capitale et ses environs ont été survolés par des hélicoptères de l’armée, tous projecteurs allumés, après la multiplication d’alertes sur des mouvements de véhicules suspects circulant à vive allure, dont les occupants tiraient sur les maisons.

Face aux menaces et aux pillages commis la nuit précédente, des comités de vigiles ont été mis en place et devaient se multiplier dans les quartiers, organisant des rondes pour protéger les habitants.
Ce mouvement qui a commencé spontanément, a été soutenu et encouragé par la puissante centrale syndicale, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).

Plusieurs témoignages ont attribué les pillages et exactions de ces derniers jours à des membres de l’appareil sécuritaire, liés à Zine El Abidine Ben Ali, le président déchu, qui chercheraient à créer le chaos en semant la panique, pour favoriser son retour. « Il ne faut pas négliger le pouvoir de nuisance de la sécurité présidentielle qui était dirigée par le général Ali Sériati, elle comptait des milliers de fidèles de Ben Ali », a indiqué, sous le couvert de l’anonymat, un connaisseur des arcanes de l’ancien pouvoir.

NERVOSITÉ À L’AÉROPORT

La nervosité restait palpable dans la capitale tunisienne, notamment à l’aéroport où au moins un millier de personnes ont passé la nuit de samedi à dimanche à cause du couvre-feu, dormant tant bien que mal à même le sol.

En pleine nuit, des hommes en civil, fusils d’assaut en bandoulière, veillaient à ce que personne ne sorte de l’enceinte. A l’intérieur, des dizaines d’étudiants d’Afrique sub-saharienne espéraient trouver un avion dans la journée pour quitter le pays.

Quand les portes de l’aéroport se sont enfin ouvertes à 7 heures, les voyageurs tunisiens venus de Paris et des journalistes du monde entier arrivés la veille au soir se sont rués sur les rares taxis disponibles. Ces derniers débarquaient des voyageurs voulant quitter Tunis mais la plupart refusaient de prendre des passagers vers le centre de la capitale et rebroussaient chemin à vide. « Ils ont peur », a commenté l’un d’eux qui a accepté finalement la course. « Il faut faire très attention ».

Le Monde