La révolution tunisienne a donné le la à un extraordinaire chemin menant au Maghreb uni. Exemplarité, ou peu s’en faut, d’une révolution aboutie, sans effusion de sang, qui fait encore rayonner l’esprit de ceux qui ont sacrifié leur vie pour le progrès humain. Aujourd’hui, un danger subsiste, prêt à renverser les nobles intentions des révolutionnaires de la Guerre d’Algérie, assassinés ou exilés.
La conférence de Tanger, en avril 1958, y a souscrit en proclamant le respect des confessions de toutes religions (juive, chrétienne et musulmane), recommandant « Aux gouvernements des pays du Maghreb de ne pas engager séparément le destin de l’Afrique du Nord dans les domaines des relations extérieures et de la Défense jusqu’à l’installation des institutions fédérales ».
En Libye, c’est à Benghazi que le retentissement populaire, réprimé dans le sang, bouleverse l’orientation de la volonté de réunifier la jeunesse du Maghreb, énergie incontournable à son édification.
Le danger qui menace cette formidable puissance est l’intervention de l’Otan et de la France en Libye. Le risque est grand de voir la population libyenne se livrer à d’effroyables luttes intestines à l’instar de l’Irak et de l’Afghanistan.
Si l’Otan et la France sont si soucieux de propager la démocratie dans le monde, pourquoi ne se préoccupent-ils pas du sort du peuple saoudien dépourvu de Constitution démocratique? Cette question renvoie aux premières réactions du gouvernement français dès les premiers signes de la révolution tunisienne. Il s’agissait alors d’intervenir en faveur de Ben Ali et de son régime. À l’évidence, ce court moment passé reste pour eux embarrassant.
Les peuples du Maghreb exigent le renforcement de la démocratie, des droits de l’homme et de la citoyenneté. Ils ont soif d’ouverture des frontières. Un Maghreb uni va émerger librement, pour que plus jamais, son sol ne soit souillé par des tortures et des souffrances.
L’Algérie pourrait être le cœur de ce Maghreb si elle se tournait vers des intérêts et des objectifs publics. Au Maroc, en opposition à la monarchie, il existe déjà un projet de société réunificateur qui appelle à vivre ensemble. La révolution tunisienne, en touchant l’être entier de cette Afrique du Nord, restitue aux Maghrébins leur dignité humaine.
Fadéla Hebbadj