Violente agression d’un journaliste marocain

Redaction

Abdelilah Sakhir, journaliste à l’hebdomadaire d’actualités El Hayat El Jedida, a subi une violente agression le soir du samedi 29 janvier 2011.
Ce jour-là, il revenait de Rabat où il avait assisté à une cérémonie de remise des prix « Press Now », où il était justement un des deux journalistes récompensés par un prix. Il a en effet reçu le Premier prix du journalisme d’investigation « Press Now » au Maroc, pour la catégorie « arabophone ». Cette distinction venait récompenser une enquête sur les événements de novembre 2010 à Laayoune (suite au démantèlement du camp de protestataires de Gdam Izik), où il s’était rendu deux fois.
A 22h15, il rentrait chez lui, au quartier Moulay Rachid de Casablanca. Un taxi l’a déposé à 100 mètres de son appartement. Quatre hommes sont alors sortis d’une voiture aux vitres fumées et l’ont frappé par derrière à la tête et sur les épaules, pendant qu’un autre restait au volant, avec le moteur allumé et les portières ouvertes.
A peine Sakhir s’est-il retourné vers ses agresseurs qu’il a été aveuglé par une bombe lacrymogène. Il est rapidement tombé à terre et les hommes ont continué à le frapper, visant particulièrement le visage et le crâne. Le journaliste a perdu connaissance. Des passants attirés par ses cris ont commencé à s’approcher et la bande a alors démarré en trombe. Abdelilah Sakhir a été transporté à l’hôpital où il a subi une opération pour une de ses blessures au niveau du crâne. Quand il a pu en sortir, il est allé au commissariat de son quartier pour porter plainte contre X.
Le journaliste n’a pas d’explication précise à cette agression, mais il est convaincu qu’elle est liée à son métier, notamment parce que les individus n’ont tenté à aucun moment de voler ce qu’il possédait. D’autre part les témoins ont raconté par la suite qu’une voiture aux vitres fumées était stationnée à proximité depuis longtemps: les agresseurs, visiblement, l’attendaient.
Abdelilah Sakhir est un journaliste de terrain qui écrit des articles dans les rubriques politique et société. Il s’est spécialisé dans les thèmes du Sahara et du terrorisme. Son journal, El Hayat El Jedida, a émis un communiqué dénonçant une « agression barbare ». Ses confrères y émettent l’hypothèse qu’un des articles du journaliste parus dans le dernier numéro (sorti le vendredi 28 janvier) aurait pu déranger. Il s’agit de deux articles: l’un contient des révélations sur les dernières négociations entre Maroc et Polisario (on y apprend notamment que le Maroc a proposé au Polisario d’intégrer ses combattants dans les Forces armées royales); l’autre présente une « carte » des contestations sociales au Maroc depuis 10 ans, comme éclairage de l’actualité internationale (émeutes de Tunisie et d’Egypte).

Groupe de Travail sur la Liberté d’expression en Afrique du Nord -WGFENA-

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