L’Algérie aurait-elle tourné le dos au Front Polisario ? La question mérite d’être posée, surtout quand on lit un câble du site WikiLeaks assez intriguant qui montre un Président algérien voulant en finir avec un problème devenu trop embarrassant pour l’Algérie. Un autre câble que nos médias semblent voir « oublié » aussi.
Dans une note de l’ex-ambassadeur US en Algérie, M. Ford, les Américains font état de demandes émanant du Président Abdelaziz Bouteflika qui aurait
mentionné que l’Algérie voulait une solution au problème sahraoui qui lui «sauverait la face». Le câble en question indique que lors de la réception, les 26 et 27 février 2008, du sous-secrétaire d’Etat américain chargé des affaires du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, David Welch, le président algérien a exprimé son vœu de voir
le plan d’autodétermination se concrétiser afin que l’Algérie puisse «sauver la face».
La note rappelle aussi que les Algériens tiennent toujours à l’application du Plan Baker pour régler le problème du Sahara Occidental; un plan que les Américains qualifient d’«obsolète».
La lecture des réactions du Président Bouteflika lors de son entretien avec le responsable US laisse perplexe. M. Bouteflika déclare, en effet, que les Marocains auraient pu obtenir, avec une approche plus «élégante», une solution au problème à la «Porto Rico» (un État libre associé aux Etats-Unis).
Un peu plus loin, il indique «qu’un jour ou l’autre, l’on aurait besoin d’aller au-delà de ça». Un changement de ton qui mérite d’être mentionné surtout quand on sait
que le problème sahraoui a été considéré par les Algériens comme une question relevant de la décolonisation.
Il reste à savoir si ce que rapportent les Américains sur les déclarations de Bouteflika traduise véritablement le souhait de ce dernier à propos de cet épineux dossier; à savoir qu’il s’agit désormais de trouver une solution à cet encombrant problème, en limitant les dégâts. Il est tout aussi envisageable que les déclarations de Bouteflika aux américains ne soient que de la langue de bois et qui ne reflètent pas le fond de sa pensée. Ce qui est très courant dans le langage diplomatique.
Khalil Mehdi
Consultez le câble en question ici