Selon le quotidien arabophone «Ennahar», le secrétaire d’Etat algérien auprès du Premier ministre, chargé de la communication Azzedine Mihoubi, a adressé une correspondance officielle au bureau de chaîne «Nessma TV» en Algérie pour quitter le territoire algérien dans un délai de 15 jours faute de quoi, des mesures judiciaires seront prises contre le média tunisien.
Les raisons évoquées par cette même source sont dignes des pratiques propres au pouvoir algérien, c’est-à-dire des prétextes bureaucratiques qu’il ignore quand ça l’arrange bien de le faire et qu’il brandit lorsqu’on il se sent menacé selon sa définition ancestrale du danger. En bref, «Ennahar», nous apprend que «Nessma TV» activait illégalement en Algérie! Il y aurait, ainsi, 12 affaires en justice contre son directeur Nabil Karoui pour non respect de droit d’auteur, exploitation de numéros de téléphone d’Algérie Télécom utilisés dans différents concours et jeux de la chaîne. Aussi, «Ennahar» nous révèle une étrange accusation portée contre «Nessma» qui est d’avoir traité avec «Djezzy» en plein conflit algéro-égyptien!
En somme, c’est la mécanique habituelle que font marcher nos dirigeants lorsqu’ils veulent pratiquer leur sport favori : la censure. En réalité, la rupture entre la chaine tunisienne et les autorités algériennes a été entamée en avril dernier, lors de la 17e Conférence permanente de l’audiovisuel méditerranéen, tenue à Paris.
A cette occasion, une houleuse altercation a eu lieu entre Tarak Ben Ammar, PDG de Quinta Communications (Tunisie) et les responsables de l’ENTV. En effet, le directeur de l’Unique Mustapha Bennabi n’a pas apprécié le constat de Ben Ammar qui prétendait que «Nessma est la première télévision du Maghreb et la plus regardée en Algérie». Les responsables de l’ENTV ont argué que l’Algérie n’est pas équipée des instruments permettant de mesurer l’audimat.
Le PDG de Quinta haussa le ton en déclarant qu’en «en Tunisie, nous avons deux chaînes privées, vous n’en avez aucune!». Les Algériens ont enchainé en déclarant que «Canal Algérie» et «A3» sont les chaînes phares dans leur pays. Le débat s’est envenimé pour se calmer après. La chaine «Nessma» s’est aussi heurté au refus des Algériens de lui accorder une autorisation de diffuser depuis l’Algérie.
En décidant de fermer le Bureau de «Nessma», les autorités algériennes n’ont fait que rendre un précieux service marketing à la chaine tunisienne. De plus, une telle pratique sera à mettre dans la peu prestigieuse case des ratages des pouvoirs algériens qui ont entamé une vaste campagne de censure et de chasse contre les médias qui échappent à leur contrôle. Et ils ne sont pas si nombreux que ça.
Nina A.