« N’est pas des nôtres celui qui prône le racisme, ni celui qui se bat ni celui qui meurt pour une cause raciste » hadith
Mardi 26 janvier des Africains ont été violemment agressés à Aïn Benian parce qu’ils sont noirs. Le phénomène n’est pas nouveau. Les mêmes agressions ont eu lieu à Chéragas et à Dély Ibrahim. Des descentes de hordes sauvages avec des armes hétéroclites, décidés à en découdre une fois pour toutes avec ces populations qu’ils ne supportent pas. C’est le degré zéro du racisme ; celui qui nait de l’ignorance et qui se nourrit de la peur de l’autre. Cela provoque le rejet de l’étranger ; rendu coupable de toutes les frustrations et de tous les échecs. Le phénomène n’est pas nouveau. C’est une très vieille lâcheté, aussi vieille que l’homme, mais dénoncée par l’islam comme la pire offense faite à Dieu.
Nous pensions, nous, pays historiquement symbole de solidarité révolutionnaire et modèle vertueux de la lutte anticoloniale, être définitivement immunisés contre le racisme pour l’avoir longtemps subi dans notre chair. Voilà qu’il nous rattrape de la manière la plus abjecte. Qui aurait pu imaginer en effet que ce genre d’expédition punitive digne du Ku Klux Klan, arriverait dans le pays africain qui a tant reçu de ses frères africains et qui a surtout tant donné pour libérer le continent de l’asservissement, des brimades et de la chicotte. Franz Fanon, Patrice Lumumba et Nelson Mandela n’y croiraient pas un instant parce qu’ils ne pouvaient imaginer que le pays de Novembre enfanterait des monstres pareils.
En réalité, cette violence et cette sauvagerie sont nées de l’abandon et du vide consécutifs à l’absence d’éducation et à la perte de repères et de référents culturels. On a cru pendant longtemps que la présence des signes extérieurs de religiosité nous mettraient à l’abri de ce genre de dérives, du moment que nous sommes musulmans et que notre religion nous enseigne la fraternité et la tolérance. Parlons-en de religion !
A considérer que les assaillants soient des mécréants, des ignorants et des égarés, qu’en est-il alors du voisinage si ponctuel à la prière du vendredi, de ces bigots qui invoquent Dieu à tout bout de champ ? Qu’en est-il des gendarmes pas trop pressés d’intervenir nous dit-on et des imams qui auraient dû, au nom d’Allah et en souvenir de Bilel al habachi, rameuter leurs ouailles et menacer des feux de la Géhenne et du haut de leurs minbars, ces ennemis de Dieu qui s’attaquent à Ses pauvres créatures.
Savaient-ils ces « courageux » citoyens blancs que Bilal était un esclave noir, converti à l’islam, devenu l’ami proche du Prophète (Asws) Qui le désigna comme le premier muezzin de l’islam et qui de sa voix puissante lança le premier adhan de l’histoire de l’islam ?
Connaissaient-ils ces célèbres hadiths : « L’arabe n’est pas meilleur que le non arabe, ou le non arabe que l’arabe, pas plus que le blanc n’est supérieur au noir ou le noir supérieur au blanc, si ce n’est par la piété. »
« Dieu ne regarde pas vos allures ou vos couleurs, mais il regarde vos cœurs (intentions) et vos actions. »
Ou cet extrait de son célèbre sermon de son pèlerinage d’adieu dans lequel il déclarait : « Ô gens! Vous êtes tous d’Adam et Adam a été créé de poussière. Aucun arabe ne doit être préféré à un non-arabe sauf en vertu de sa piété ». Ou enfin cet autre hadith :
« N’est pas des nôtres celui qui prône le racisme, ni celui qui se bat ni celui qui meurt pour une cause raciste »
Leur a-t-on parlé de ce verset : « « Ô hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle; et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux ». Coran 49/13. Ou de ceux-ci : »N’as-tu pas vu que, du ciel, Allah fait descendre de l’eau? Puis Nous en faisons sortir des fruits de couleurs différentes. Et dans les montagnes, il y a des sillons blancs et rouges, de couleurs différentes, et des roches excessivement noires. Il y a pareillement des couleurs différentes parmi les hommes, les animaux et les bestiaux ». Coran 35/ 27 et 28.
Si on fait appel au Coran et aux hadiths et si donc on appelle à notre secours le religieux, c’est parce que la morale a déserté depuis longtemps les rangs de ces âmes perdues et qu’on pense, en se plaçant dans leur environnement quotidien, ponctué dans le langage de renvois à l’islam et à Dieu, on pourrait susciter en eux une sorte de remords ou, pourquoi pas, un sursaut d’humanité. Reste que passé l’approche pédagogique et la vision optimiste de la nature charitable de l’être humain, il y a la loi et il y a les instruments de la loi qui répriment de tels comportements et c’est donc aux représentants de la loi que nous nous adressons pour les appeler à sévir de la manière la plus rigoureuse contre ces barbares qui font honte au pays, à l’islam et à l’humanité entière.
Aziz Benyahia