Malgré l’intervention du roi, le Maroc vit toujours sur une poudrière. Quatre jours après le décès d’un vendeur de poissons, broyé par une benne à ordures, les Marocains ne décolèrent pas.
De nombreuses manifestations continuent de se tenir dans différentes villes du royaume pour dénoncer les injustices. Certains dépassent même la simple revendication sociale et réclament l’instauration d’une république. C’est le cas notamment dans les villes du Rif, connues pour leur hostilité au makhzen.
«Les protestations étaient organisées au niveau de la place Mohammed V», a rapporté le magazine marocain TelQuel mardi, expliquant que « la manifestation qui a débuté à 17h00 par des collégiens et des lycéens, a grossi au fil des heures, à la faveur de l’arrivée d’autres manifestants, essentiellement des jeunes, rapporte l’AFP. Des citoyens réclament notamment que la vérité éclate sur la mort de Mohcine Fikri.
Pour tenter de circonscrire ce mouvement de fond, les autorités marocaines ont annoncé l’arrestation de 11 personnes soupçonnés d’avoir un lien avec la mort du jeune marocain. Le procureur général du roi à Al-Hoceima (nord) a annoncé dans un communiqué avoir «décidé de déférer devant le juge d’instruction 11 personnes (…) pour faux en écriture publique et homicide involontaire suite au décès de Mouhcine Fikri». Parmi elles, figurent «deux agents d’autorité, le délégué de la pêche maritime, le chef de service de la délégation de la pêche maritime et le médecin chef du service de la médecine vétérinaire», précise le communiqué du procureur, relayé par l’agence de presse officielle MAP. La « décision de déférer ces 11 individus fait suite à la réception du procès verbal de l’enquête, dans lequel plus de 20 personnes ont été auditionnées, et contenant les résultats de plusieurs constations et confrontations », ajoute-t-il.
Fait rarissime concernant le Maroc, l’ONU s’est dite inquiète de la situation. Au cours de son point de presse quotidien, le porte-parole de Ban Ki-moon, Stéphane Dujarric, a indiqué que l’ONU suit la situation de près au Maroc, où une vague de contestations s’est propagée dans tout le pays après la mort tragique du vendeur de poisson. «Nous surveillons évidemment la situation», a-t-il dit.
Signe du pourrissement de la situation, le roi du Maroc, Mohamed VI, a écourté son périple africain pour rentrer gérer la situation. Ramènera-t-il le calme ?
Essaïd Wakli