Affaire El Khabar/ Issad Rebrab au journal Le Monde: «Le pouvoir ne supporte pas les hommes indépendants et libres» 

Redaction

Dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde, le patron du groupe Cévital rompt une nouvelle fois le silence et clame que l’entrée dans le capital du groupe El Khabar s’est fait dans le respect des lois de la République.

Il indique que ce sont les actionnaires et journalistes d’El Khabar qui ont sollicité l’aide de son groupe parce que «le pouvoir leur a coupé la publicité des organismes publics». « Etant donné que je suis un entrepreneur citoyen, j’ai répondu favorablement. Sauver près de 500 emplois et défendre toutes les libertés dans le sens le plus large et en particulier la liberté d’expression est à mon sens un devoir citoyen».

Sur le plan légal, Issad Rebrab, qui n’arrive pas «à expliquer la situation» rappelle que l’achat s’est fait dans le respect des lois. «Du point de vue du droit, nous sommes sereins. Si la justice est réellement appliquée, nous n’avons aucun problème. Si elle est instrumentalisée, c’est une autre affaire… Pour ce que j’en comprends, on veut en réalité limiter la liberté d’expression, la liberté de la presse, comme on a aussi limité la liberté d’entreprendre», a-t-il indiqué.

A la question de savoir si le pouvoir freine ses investissements parce qu’il est Kabyle, le patron de Cévital nuance ses propos: «Ce n’est pas tout à fait cela. D’ailleurs, le directeur de cabinet de la présidence de la République est un Kabyle. Et dans le domaine économique, il y a des Kabyles, tel que le président du Forum des chefs d’entreprises, qui sont dans le sérail. Ce n’est pas un problème de régionalisme, c’est plutôt une affaire de soumission : le pouvoir n’aime pas et ne supporte pas les hommes indépendants et libres», a-t-il dit.

Au sujet des ses relations avec le pouvoir, Rebrab indique qu’il ne s’est «jamais immiscé dans la question du quatrième mandat. Mon inquiétude, c’est surtout le développement économique de l’Algérie».

Pour le patron de Cévital, «on a l’impression qu’on veut tout museler, tout contrôler, alors que le rôle de l’Etat est d’encourager, réguler et redistribuer la richesse, et pas de la freiner». C’est ce discours qui ne plait pas au pouvoir.

 

Essaïd Wakli