Daech prospère en Libye. Le terrorisme s’étend un peu partout en Afrique. La barbarie fondamentaliste frappe à nos portes. Et la Tunisie voisine se retrouve aux avant-postes d’une guerre sans merci contre l’ogre terroriste.
Des attentats presque quotidiens dans cette région du Maghreb et de l’Afrique Sub-Saharienne. Accrochages, opérations de ratissage, des casemates détruites, une Libye voisine à feu et à sang, des groupes armés qui proclament des émirats. L’actualité de ces dernières semaines démontre que le Maghreb fait face à une véritable offensive barbare. Sa propre survie est menacée. Et en dépit de cet état de fait, les Etats de cette région demeurent divisés, en conflit sur des questions totalement futiles au détriment des vrais enjeux et des périls.
Les terroristes profitent de ces bisbilles infantiles pour tisser des toiles transfrontalières. Au sein de ces groupes armés, qui sèment le trépas en Libye, en Tunisie et en Afrique sub-saharienne, on retrouve des Algériens, des Tunisiens ou encore des Libyens. Et tout tend à démontrer que ces groupes terroristes ne souffrent pas, eux, des mêmes divisions. Paradoxalement, ces groupes ont réussi là où le Maghreb a échoué : fédérer des ressortissants de tous ces pays autour d’une seule cause, combien même ne serait-elle pas juste. L’horreur a apparemment réussi là où le rêve de plusieurs générations a échoué.
Cependant, l’heure de changer la donne a sonné. L’Algérie et la Tunisie doivent jouer le rôle d’initiateurs d’un nouveau Maghreb. L’Algérie et la Tunisie peuvent être la France et l’Allemagne de l’Afrique du Nord. Il est temps que les peuples algérien et tunisien comprennent que leurs destins sont liés et qu’il est temps de vivre dans un même et unique pays. A l’ère de la globalisation et des blocs régionaux, rester esseulé, cloîtré dans ses frontières, n’a absolument plus aucun sens.
Au Nord, au delà de la Méditerranée, témoin de notre histoire cruelle, l’Europe s’est unie en dépit de deux guerres mondiales. Aujourd’hui, cette même Europe a réussi à conjuguer ses efforts pour relever les défis de l’avenir. Les pays du Maghreb, qui partagent davantage d’intérêts, de références historiques et culturelles, ne peuvent pas rester à l’écart de ce mouvement de l’histoire. Si le Maroc veut absolument jouer cavalier seul, demeurant attaché à une prétendue « intégrité » territoriale » et voulant à tout prix prêter allégeance à une Europe trop hautaine pour le considérer comme un membre à part entière, l’Algérie trouvera sans aucun doute une oreille attentive en Tunisie. Ces deux pays frères unis par l’histoire, la douleur du passé et les enjeux de l’avenir, peuvent facilement se compléter et fusionner pour ne créer qu’un seul Etat fort à même d’affronter l’instabilité de la Libye et les incertitudes de l’Afrique Sub-saharienne.
L’Algérie avec ses potentialités énormes, son savoir-faire militaire, ses richesses souterraines et son capital humain, et la Tunisie avec son expérience démocratique et son expertise administrative, et son audace économique, peuvent donner naissance à un Etat plus adapté aux besoins de la modernité. L’Algérie à tellement à apprendre de la Tunisie, et la Tunisie a tellement à gagner avec l’Algérie.
Ce « mariage » pourra apporter le salut à une région ciblée par des plans machiavéliques. L’union de l’Algérie et de la Tunisie, loin des incartades du Maroc et des faiblesses de la Maurétanie, n’est pas un rêve inaccessible. C’est juste un projet à mûrir, à construire avec détermination et abnégation. Pour le moment, l’aveuglement nous a trop divisés.