Onze princes, plusieurs dizaines d’anciens membres du gouvernement et quatre ministres en exercice ont été arrêtés, samedi soir, en Arabie Saoudite, à la suite de la promulgation d’un décret royal instituant une commission anti-corruption présidée par le prince héritier Mohamed ben Salman.
Parmi les autres personnalités arrêtées, figure le prince Alwalid ben Talal, homme d’affaires richissime et principal actionnaire de la société d’investissement Kingdom Holding. On retrouve également dans cette liste l’ancien ministre des Finances Ibrahim al Assaf.
Selon la chaîne Al-Arabiya, cette purge anti-corruption intervient à la suite du lancement par le nouvel organe de lutte contre la corruption d’une enquête sur les inondations qui ont dévasté, en 2009, la ville portuaire de Jeddah (ouest), sur la mer Rouge, à la suite de pluies torrentielles, faisant une centaine de morts.
L’agence de presse officielle saoudienne SPA a indiqué que le but de la commission était de « préserver l’argent public, punir les personnes corrompues et ceux qui profitent de leur position ». Le conseil des religieux a rapidement réagi sur son compte Twitter en affirmant que la lutte contre la corruption était « aussi importante que le combat contre le terrorisme ».
Le roi Salman, qui a annoncé la création de cet organe de lutte contre la corruption, a aussi procédé à un remaniement dans les plus hauts cercles du pouvoir et de la famille royale. Ainsi, le prince Miteb ben Abdallah est relevé de ses fonctions de ministre de la Garde nationale et remplacé par Khaled ben Ayyaf, tandis qu’Adel Fakieh, ministre de l’Economie est remplacé par son adjoint, Mohammed al Touaïdjri. Le prince Miteb ben Abdallah, fils préféré du défunt roi Abdallah, a été considéré un temps comme un possible prétendant au trône avant l’ascension inattendue du prince Mohamed il y a deux ans.
Mohamed ben Salman renforce son pouvoir
Ces changements consolident la mainmise du prince Mohamed ben Salman sur les différentes forces de sécurité du royaume, qui ont été longtemps partagées entre les différentes lignées de la famille souveraine. Le prince Mohamed, âgé de 32 ans, occupe déjà les fonctions de ministre de la Défense. Il a été nommé héritier du trône au mois de juin, lors d’un remaniement qui a mis sur la touche son cousin le prince Mohamed ben Nayef, qui fut ministre de l’Intérieur.
Le prince Mohamed dirige à la fois la guerre menée par l’Arabie saoudite au Yémen, et la politique énergétique du royaume avec pour objectif de préparer l’après-pétrole. Celui qui s’est engagé à traquer la corruption dans les plus hautes sphères du pouvoir dirigera désormais un organe qui a toute latitude pour mener des enquêtes, émettre des mandats d’arrêt ou des interdictions de voyage, et pour geler des actifs.
L.R./Agences