Benflis évite de parler du DRS, de l’armée et affirme qu’il n’est pas « le candidat d’un clan »

Redaction

Ali Benflis déteste les clans. C’est lui qu’il affirme dans une longue interview accordée à la chaîne de télévision privée Echorouk TV. Une interview durant laquelle il a évité soigneusement de parler du DRS, de l’armée et de leurs poids politique même s’il a beaucoup insisté sur sa volonté de fonder un Etat démocratique favorable à une société plurielle. 

Après plus d’un mois de l’annonce de sa candidature, Ali Benflis sort ainsi de son mutisme. Un long silence qui ne rime pas avec une traversée du désert, a-t-il expliqué. « Pendant ces dix dernières années, j’ai sillonné le pays, j’ai milité sur le terrain et j’ai rencontré mes partisans », a-t-il fait remarquer. Ali Benflis est revenu aussi sur l’affaire Khalifa et, surtout, le bilan des 15 ans de règne de l’actuel Chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika.

 « En 2004, j’étais candidat à la présidentielle et  j’étais aussi secrétaire général du FLN. J’avais l’appui de plusieurs partis politiques, des personnalités nationales, mais j’ai été crédité de 6 % des voix. Que voulez-vous que je fasse, moi qui suis imprégné de la culture de l’État », dit-il. «Quelle position fallait-il prendre alors que l’Algérie  n’était pas encore sortie  de la crise ? », s’est interrogé Ali Benflis d’après lequel, il ne veut pas faire sortir les gens dans la rue « pour casser des voitures et saccager des magasins ». « Je voulais protéger mes partisans et l’Algérie », a-t-il dit. « Je ne  pouvais pas être  l’homme à l’origine de la division du FLN, même si  j’avais la majorité au sein du comité central que j’ai personnellement et  solennellement convoqué pour lui remettre mon mandat le 19 avril 2004″, a-t-il encore confié. « Un comportement qui a  fermé la porte, défend-il,  à la fitna aussi  bien au sein du parti que dans le pays ».

Au sujet de l’affaire Khalifa, Ali Benflis a révélé que c’est lui qui avait donné instruction pour l’ouverture d’une enquête judiciaire. « En septembre 2002, j’ai reçu des rapports faisant état d’irrégularités dans la gestion de Khalifa Bank. J’ai aussitôt réuni un conseil de gouvernement restreint avec la participation du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque d’Algérie. La décision a été prise de lancer une enquête administrative pour vérifier les accusations contenues dans les rapports que j’ai reçuse ».  Ali Benflis affirme qu’il a également décidé de tenir «informé » par écrit le président de la République sur l’évolution de ce qui allait devenir le plus grand scandale bancaire de l’Algérie. « En mars 2003, l’enquête administrative avait conclu à des infractions à la loi pénale. J’ai ordonné alors au ministre des Finances et à la Banque d’Algérie de porter plainte au nom de l’État contre Khalifa Bank. La plainte a été déposée au tribunal de Chéraga (ouest d’Alger) où se trouvait le siège social de Khalifa Bank. J’ai quitté le gouvernement en mai 2003 ».

Interrogé enfin sur le bilana de Bouteflika, Ali Benflis a relevé du « positif », mais il a dénoncé la corruption et la mauvaise gestion. Il a assuré également qu’il n’a aucun différend personnel avec Bouteflika. Il a refusé aussi le qualificatif de « traître ». « Je n’ai pas trahi le Président. J’avais mon propre projet politique », a-t-il rétorqué.  Invité à s’exprimer sur la polémique déclenchée par Amar Saïdani qui avait réclamé la démission du général Toufik, l’ancien secrétaire général du FLN a simplement répondu : « je m’oppose aux attaques dirigées à l’encontre des institutions de l’Etat algérien ».

 

Essaïd Wakli