Les autorités gabonaises ne veulent surtout pas de stades vides durant la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Pour y parer, le gouvernement compte user de tous les moyens, y compris la mobilisation des enfants des écoles primaires.
La réélection du président Ali Bongo, au mois de septembre dernier, a été fortement contestée par son adversaire, Jean Ping. Des manifestations de protestation fortement réprimées ont eu lieu. Les opposants ont dénombré près d’un millier de militants emprisonnés et quelques dizaines de morts. Depuis, les partisans de Jean Ping n’ont cessé de multiplier les appels au boycott des stades de la CAN.
Pour y faire, les autorités ont procédé à l’achat de milliers de billets d’accès aux tribunes afin de les redistribuer gracieusement. Si le gouvernement gabonais affirme que cette action a été initiée pour permettre aux plus démunis de pouvoir suivre les matchs, les opposants, eux, y voit un moyen de « forcer » la population à remplir les quatre stades.
Nous avons pu obtenir un document qui montre comment procède les autorités gabonaises. Une convocation est ainsi adressée aux parents des élèves scolarisés au niveau des « écoles publiques conventionnés ». Ils sont « priés » d’accompagner leurs enfants au stade de Franceville pour voir le match Algérie-Tunisie prévu ce jeudi 19 janvier à 17 h. Les six « écoles publiques conventionnés » sont financées par la France et scolarisent près de 2000 enfants au Gabon. Les parents doivent s’y rendre avec leurs enfants à 14h30 devant le stade de Franceville, et les récupérer à la fin du match.
Dans la convocation en question, il est signalé que si un parent décide de ne pas envoyer son enfant au stade, il devra le signaler à l’enseignant par écrit. Ainsi, les autorités gabonaises ont trouvé le moyen de remplir un tant soit peu les stades lors de cette CAN. Et tout le monde est satisfait, à commencer par la CAF qui voit ses caisses malgré tout renflouées.
Elyas Nour