Les Algériens ont une manière très originale de souhaiter la bonne année aux Étrangers qui résident chez eux. Ils savent que quand on est loin de son pays et de sa famille on est très sensible aux petites attentions fussent-elles symboliques, comme par exemple une petite assiette de gâteaux maison à l’occasion de l’aïd ou simplement une franche et amicale poignée de main.
Alors cette année, probablement à cause du manque d’idées pour les cadeaux et donc ne sachant pas quoi offrir à quelques membres de la communauté chinoise; des habitants de Bab ezzouar ont eu la merveilleuse idée de les passer à tabac, de les détrousser de leurs biens et de les insulter.
Seuls les représentants des forces de l’ordre et les victimes ensanglantées et hébétées ont compris qu’il s’agissait bel et bien d’une agression sauvage et gratuite, qui ne laisse aucune place à l’humour.
Des ouvriers Chinois ont été tabassés chez nous parce qu’ils sont Chinois, parce qu’ils sont étrangers et surtout parce qu’ils sont en minorité. C’est dans de telles conditions que s’expriment la lâcheté et la couardise et l’agression anonyme.
Alors, condamner ces actes avec la dernière énergie ne suffit pas ; ne suffit plus. Il faut que la justice passe avec la plus grande sévérité pour éviter les récidives et il faut surtout et encore une fois sans se décourager, accomplir un travail de pédagogie qui consiste à rappeler que :
1° Ces Chinois ne sont pas entrés chez nous par la force. Ils ne nous ont pas envahis. Nous sommes allés les chercher parce que nous ne savons même pas construire des bâtiments de quatre étages, cinquante ans après l’indépendance.
2° Ces Chinois qui ont été tabassés près de leurs baraquements sont venus construire la fameuse mosquée qui nous permettra de décrocher la médaille de bronze dans cette épreuve. On nous dit que c’est la troisième grande mosquée. La belle affaire !
Il faudra beaucoup de contorsions à nos imams pour expliquer comment un fidèle musulman peut tabasser un homme venu bâtir à sa place et pour lui et ses frères en Dieu la « Maison de Dieu »
3° Point essentiel enfin qui doit nous remplir le cœur d’espoir. Ce sont des citoyens algériens, leurs voisins, qui sont venus immédiatement porter secours aux victimes, qui ont alerté les forces de polices et qui ont fait fuir les courageux agresseurs. Ces citoyens n’ont pas accepté qu’une petite bande de voyous salisse la réputation d’un pays, et donne de nous l’image désastreuse d’une population de lâches et de xénophobes.
Il faudra donc saluer le courage de nos frères qui ont le sens de l’honneur et faire connaître leur geste au pays tout entier. Il faudra surtout présenter nos plus plates excuses à nos amis Chinois, solliciter leur pardon, les assurer de notre amitié et leur présenter nos meilleurs vœux de santé, de paix et de sérénité.