Corédacteur de la Plateforme de la Soummam avec Abane Ramdane, Amar Ouzegane et Saad Dahlab.
Initiateur et cofondateur de l’Union Générale des Commerçants Algériens (U.G.C.A) et de l’Union Générale des Travailleurs Algériens (U.G.T.A), tous deux ancêtres de l’U.G.T.A de nos jours, ainsi que de l’Union Générale des Commerçants & Artisans Algériens (U.G.C.A.A) et du Forum des chefs d’entreprises (FCE). Mohamed Lebjaoui était l’un des dirigeants historiques de la révolution algérienne, membre du C.N.R.A et premier chef de la Fédération de France du FLN. Alors qu’il dirigeait la Fédération de France de France depuis Paris, un militant parla sous la torture, suite Mohamed Lebjaoui est arrêté et emprisonné à Fresnes et à la Santé jusqu’à l’indépendance.
Durant son emprisonnement en France, tous ses co-détenus étaient considérés comme des droits communs.
Pour mettre un terme à des conditions de détention inhumaines, il organisa avec ses camarades de combat une grève de la faim de 21 jours. Suite à cette grève, l’administration française a finalement cédé et accordé le statut de prisonnier politique à tous ceux qui furent arrêtés pour leur lien avec le FLN.
Dès lors, ils furent tous déplacés dans un bâtiment qui leur était exclusivement dédié ; leurs conditions de vie carcérale se sont nettement améliorées ; les ratonnades ne pouvaient plus leur être infligées par le personnel des prisons ; durant les jours de visites ses camarades recevaient plus leur famille dans les parloirs, ils les recevaient dans la cour ou dans leurs chambres et en toute liberté.
Il mena également un combat contre l’administration carcérale pour faire cesser les ratonnades sur les prisonniers de droit commun et pour les droits de l’homme.
Après l’Indépendance, il demeura politiquement actif, mais refusa tout poste politique parce qu’il n’approuvait toujours les options du gouvernement.
Après le coup d’Etat de juin 1965, lors de 2 réunions en face à face, il exprima fermement son désaccord à Houari Boumediene qu’il invita à organiser des élections plutôt que de prendre le pouvoir par la force.
Houari Boumediene approuvait le principe mais ne se prononça jamais sur un calendrier à cet effet. Mohamed Lebjaoui avait compris que cette situation n’était pas prête de voir le jour pour donner naissance à une démocratie qu’il espérait tant pour son pays et ses concitoyens.
Dès lors, il choisit l’opposition et l’exil au détriment de sa situation confortable de riche commerçant qu’aurait pu lui procurer sa position de dirigeant historique du FLN s’il avait accepté le fait accompli du coup d’Etat et les compromis auxquels il aurait dû consentir.
Mais ce n’était pas dans sa nature d’homme épris de liberté et de justice.
Durant son exil, il n’a jamais cessé son combat pour la démocratie, la justice, la liberté de penser et les droits de l’homme sous toutes formes et sur tous les continents. Malgré son exil de 25 interminables années (1965-1990) il n’a jamais renoncé à la lutte, il a mené son combat jusqu’au bout sans en connaître l’issue, tout en nourrissant un amour sans limite pour son pays, l’Algérie.
Même dans les moments les plus douloureux, il restait toujours optimiste et persuadé que l’on pouvait régler tous les conflits par le dialogue. Son humour légendaire l’aidait à traverser toutes les épreuves assénées par l’exil.
Comme il le disait si bien à travers certains de ses poèmes
« Je lutte pour un monde aux couleurs inconnus »
ou encore,
« Sous le bras mon soleil »
Le 24 février 1992, après un combat perdu d’avance, contre une maladie développée par les années pénibles de l’exil, Mohamed Lebjaoui s’est éteint sans avoir eu le temps de savourer les délices de sa terre natale retrouvée, ni le bonheur des moments passés avec les amis chers à son cœur, ni les joies qu’il n’a pu partager avec les siens.
La maladie et une vie d’engagements, sans cesse renouvelés, pour la démocratie, pour la liberté et pour un monde meilleur, ont finalement eu raison d’un homme dont l’intelligence, la finesse d’esprit, la bonté et la simplicité rares ont toujours fait l’unanimité auprès de toutes les personnes qui ont eu la chance de le côtoyer. Et nombreux de ses adversaires politiques partageaient ce sentiment, car malgré les divergences de vues, il a toujours respecté leur liberté de ne pas être d’accord avec lui, pour autant que les arguments exposés soient fondés et ouverts au débat.
C’est ainsi qu’il concevait la démocratie, c’est elle qu’il souhaitait pour son pays et pour un grand Maghreb, fraternel, fort et uni.
Il est parti, son Soleil sous le bras….