Les résultats du commerce extérieur pour les sept premiers mois de l’année viennent de tomber. Ils confirment que les importations n’ont pas diminué depuis le début de l’année. On peut se demander, dans ces conditions, à quoi servent les licences introduites l’année dernière.
Il y a près de 18 mois, les autorités algériennes ont mis en place un système de licences d’importation qui s’est étendu progressivement à un nombre croissant de produits. Après avoir commencé en 2016 par les véhicules de tourisme, l’acier et le ciment, le système s’est élargi cette année à un très grand nombre de produits alimentaires ainsi qu’à des produits aussi divers que le bois, la robinetterie, la faïence, etc.
L’objectif essentiel de ce dispositif administratif très lourd et très complexe de contingentement et de contrôle des importations était de permettre de réduire les importations et d’économiser les ressources en devises du pays.
Une baisse insignifiante
Les résultats du commerce extérieur montrent, mois après mois, depuis le début de l’année, que cet objectif n’a pas été atteint. A fin juillet, soit pour les sept premiers mois de l’année en cours, les importations de l’Algérie ont connu une baisse insignifiante en s’établissant à 26,9 milliards de dollars contre 27,1 milliards de dollars au cours de la même période de l’année dernière (-1%).
Une hausse des importations a même été enregistrée, notamment pour les biens d’équipement agricoles (+39,07%) et surtout, pour les énergies et lubrifiants (+20,72%) à 938 millions de dollars durant les sept premiers mois de 2017, contre 777 millions de dollars durant la même période de 2016.
S’agissant des produits alimentaires, les importations ont également connu une hausse sensible de l’ordre de 10,1% en s’établissement à plus de 5,17 milliards de dollars cette année, contre 4,7 l’année dernière.
Traitement économique ou régulation administrative ?
Face au gonflement du déficit commercial, le gouvernement algérien a fait le choix depuis 18 mois de recourir à des solutions administratives dont l’efficacité se révèle incertaine et les inconvénients apparaissent, de plus en plus, nombreux au fil du temps. La période la plus récente a été marquée par les réactions d’un certain nombre d’agents économiques qui ont affiché clairement leur défiance vis-à-vis des solutions administratives et plaident en faveur d’un traitement économique de l’envolée des importations. La plupart d’entre eux expriment leur scepticisme à propos des décisions administratives en soulignant qu’une modulation des droits de douane et des taux de TVA seraient l’option la plus appropriée pour orienter la consommation vers la production nationale et décourager l’importation de produits de luxe ou jugés «superflus».
Plus généralement, l’expérience des trois dernières années suggère fortement que le simple ajustement régulier du taux de change, tel qu’il a été opéré entre fin 2014 et juin 2016, est sans doute suffisant pour obtenir la réduction souhaitée des importations. A contrario, la stabilisation relative du taux de change du dinar, mise en œuvre par les autorités financières algériennes depuis une année, constitue un encouragement à l’importation et contribue à accentuer encore davantage le déséquilibre commercial. Le retour à une gestion économique du commerce extérieur national semble ainsi, à terme, inévitable. Entre-temps, l’impasse des licences d’importations aura sans doute fait beaucoup de dégâts.
Yazid Taleb