Conseil des droits de l’Homme de l’ONU : Un nouveau champ de bataille pour l’Algérie et le Maroc

Redaction

L’Algérie et le Maroc s’accusent mutuellement de violations des droits de l’Homme. L’Algérie dénonce, le Maroc réplique, et vice versa. L’Algérie défend le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le Maroc invite l’Algérie à balayer d’abord devant chez soi en accordant le même droit au peuple kabyle. C’est la réponse du berger à la bergère.

Le scénario s’est répété mardi 16 septembre lors d’un débat au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (Organisation des Nations-Unies) consacré à la situation des droits de l’Homme dans le monde, débat qui se tient du 8 au 26 septembre au Palais des Nations de Genève (Suisse).

Selon le compte-rendu publié sur le site web du Haut Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU, l’Algérie a interpelé le Conseil sur le non respect par le Maroc du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination (Sahara occidental). Notre pays a estimé qu’il était « urgent que le Conseil se saisisse de cette situation pour le respect de toutes les libertés fondamentales, y compris celles du peuple sahraoui ». L’Algérie s’est dite, ajoute-t-on, « convaincue que l’élargissement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) à la surveillance des droits de l’Homme est justifié ».

Le Maroc a réfuté les accusations de son voisin, rappelant avoir soumis à l’ONU  « une initiative pour solder définitivement ce différend » en avril 2007.

Le royaume chérifien estime qu’il n’a pas de leçons à recevoir de l’Algérie en matière de droits de l’Homme. Pour lui, notre pays porte atteinte aux droits des Kabyles, des Mozabites et des réfugiés des camps de Tindouf. Le Maroc s’est dit « préoccupé par la situation des droits de l’Homme en Algérie, au détriment des Kabyles et des Mozabites et dans les camps de Tindouf ».

Exerçant leur droit de réponse, les deux voisins maghrébins ont allongé leur pamphlet d’accusations mutuelles.

L’Algérie a ainsi déploré que « le Maroc était pris régulièrement en flagrant délit de violation des droits de l’Homme, en particulier dans un territoire qu’il occupe illégalement depuis 1975 (le Sahara occidental, ndlr) ». « Malheureusement, le Maroc crie régulièrement à la manipulation et à la calomnie, déversant sa verve hargneuse contre l’Algérie. S’agissant des camps de Tindouf que le Maroc a mentionnés dans son intervention, l’Algérie rappelle qu’il s’agit de camps de réfugiés. Les fonctionnaires du Haut Commissariat pour les réfugiés et de la MINURSO n’y ont jamais constaté de problèmes particuliers. Le Maroc devrait expliquer pour quelle raison il maintient tout un peuple sous sa férule, en opposition à la volonté de la communauté internationale », lit-on encore dans le même document.

Le Maroc s’en défend en reprochant à l’Algérie de « faire une fixation » sur le Sahara occidental. Il a estimé que  « l’attitude tendancieuse de l’Algérie » était « en contradiction avec son statut d’observateur dans ce différend ».  Le Maroc s’est demandé pourquoi l’Algérie, « qui prétend se préoccuper des droits de l’Homme au Sahara, ne s’en préoccupe pas chez elle ». Il en veut pour preuve la situation des droits de l’Homme notamment en Kabylie. « Le Maroc craint que son voisin n’ait adopté des réflexes coloniaux, alors même que le peuple kabyle réclame depuis longtemps le respect de son droit à l’autodétermination », rapporte encore le communiqué.

L’Algérie a nié « avec mépris » les accusations du Maroc, qu’elle considère comme « une puissance coloniale ». « Le Maroc ne peut pas fournir de document des Nations Unies à l’appui de telles allégations. Le Maroc ne peut en outre pas fournir un seul document attestant de la « marocanité du Sahara occidental », dont le Maroc ne cesse de se prévaloir », s’est-elle défendu.

Le Maroc a répliqué en affirmant que  l’Algérie était « le pays qui détient le record de refus de visites des procédures spéciales, dont le Groupe de travail sur les détentions arbitraires ou le Groupe de travail sur les disparitions forcées ».

Yacine Omar

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