Contribution/ Le digital et les métiers du numérique ont-ils un avenir en Algérie ?

Redaction

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Je tiens en premier à rassurer mes lecteurs pour leur dire que ma réponse est évidemment et inévitablement oui, un grand oui. C’est la dialectique de la vie. Toute chose est appelée (et condamnée) à évoluer favorablement.

Toutefois, il ne faut pas se leurrer et mettre la charrue avant les bœufs. La première contrainte est d’ordre juridique et réglementaire et concerne la promulgation de la loi sur le E-Commerce (et E-payement). Cette loi devait normalement passer avant la fin de l’année 2016 (oui je dis bien l’année 2016 écoulée) et déjà six mois de retard. Avec la nouvelle Assemblée Populaire Nationale (APN) qui vient juste d’être installée, il faut prévoir (dans le cas le plus favorable) que sa promulgation ne pourrait intervenir avant la session d’automne 2017. Conclusion : Pour les E-Marketeurs nationaux, il va falloir patienter énormément. La culture « Allah Ghaleb » (Traduction : C’est Dieu Tout Puissant qui commande toutes les destinées) est bien ancrée et intégrée chez nous.

La deuxième contrainte a trait au fait que notre pays développe (depuis fort longtemps) une allergie aiguë à tout ce qui a trait aux nouvelles technologies. Le numérique laisse des traces et nous n’aimons pas laisser de traces. Vive l’économie informelle où l’on ne paye aucun impôt.

Il s’agit en fait d’une très grosse contrainte et les différents responsables qui ont exercé au niveau du Département Ministériel en charge des TICS n’ont pu faire grand-chose. Les résistances à l’essor des nouvelles technologies en Algérie sont très fortes. La preuve, le Ministère délégué au numérique ne figure plus dans l’organigramme du nouveau gouvernement. Lecture : Le numérique n’est pas une priorité pour le gouvernement. Tout le reste n’est que discours.

Enfin, la troisième contrainte a trait aux conditions quant à l’accès à l’internet et à sa fiabilité en matière débit et de continuité du service. A cette mauvaise prestation de fourniture d’accès à Internet, il y a lieu d’ajouter que les derniers examens du BAC sont une bonne illustration de l’image que ce fait l’autorité quant à Internet et la preuve que nous ne maitrisons pas encore suffisamment cette technologie rendue, à tord, responsable de dérives comportementales.

Les pouvoirs publics ont envisagé et mis en œuvre des solutions pour régler de manière définitive la question du débit et de la continuité du service Internet. Pour ce qui concerne l’Internet grand public, il sera définitivement résolu avec l’entrée en activité du câble sous marin Oran-Valence et Alger-Valence via Oran, un projet qui enregistre toutefois beaucoup de retard quant à son exécution.

Une autre solution, qui concerne cette fois-ci les professionnels, est envisagée avec la mise en orbite d’un satellite de télécommunication qui va bientôt fournir de la bande passante. Avec ce projet, l’Algérie va rattraper un immense retard en matière de diversification de sources d’accès à Internet. Toutefois cette source d’accès à Internet ne sera pas à la portée du grand public et sera chère. Elle est, à l’origine, plutôt destinée aux professionnels.

En conclusion, je dirais que de gros efforts sont actuellement entrepris par les pouvoirs publics (avec beaucoup de retard en matière d’exécution assortis d’une communication bien insuffisante) pour démocratiser l’accès à l’Internet grand public. Lorsque tous ces projets aboutiront, cela permettra certainement une croissance exponentielle des métiers du numériques.

Notre pays est en train de faire sa transformation digitale à très petit pas, douloureusement et péniblement mais ça avance quand même. « Allah Ghaleb« .

Abdeldjelil LABDI, analyste et expert en intelligence économique

 

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