La suspension récente de trois magistrats de la Cour des comptes provoque un malaise au sein de cette institution de contrôle des finances publiques. Deux d’entre eux sont visés par une enquête, enclenchée en 2014, au sujet d’une tentative de corruption à l’OPGI de Constantine. Certains de leurs collègues s’interrogent sur la mise en oeuvre de la suspension aujourd’hui, au lendemain de leur élection au bureau du syndicat des magistrats (section cour des comptes), début avril.
Cette polémique pousse certains juges de cette institution, s’exprimant sous couvert de l’anonymat sur les colonnes du quotidien El Khabar, à dénoncer les pressions qu’ils subissent de la part de «personnalités influentes et d’institutions» et le fait que leurs responsables ne les protègent pas. Ils soupçonnent les autorités de vouloir «bureaucratiser» d’avantage le travail de la Cour des comptes.
Récemment, de nouvelles dispositions ont été prises pour limiter leurs déplacements. Ils sont tenus de rester plus longtemps dans leurs bureaux et doivent demander une autorisation dès qu’ils s’apprêtent à quitter le territoire de la chambre au niveau de laquelle ils exercent. Notons à cet effet que la cour des comptes dispose de neuf chambres territoriales chargées essentiellement de la vérification des dépenses des administrations et institutions locales et de huit chambres de discipline budgétaire et financière.
La Cour des comptes est, à chaque fois, accusée de «passivité» concernant les dépassements enregistrés dans les dépenses publiques. Cela ne l’empêche pas d’ «égratigner» épisodiquement le gouvernement. Dans son dernier rapport, dont des extraits ont fuité à la fin de l’année dernière, au sujet de la gestion de l’argent public en 2014, la Cour des comptes a fait état de plusieurs anomalies dont la «baisse des recettes ordinaires et douanières, faible remboursement des crédits aux entreprises et manque de suivi dans l’utilisation des subventions».
Elyas Nour