Cinq jours après le crash du vol AH 5017, qui devait relier Ouagadougou à Alger, l’enquête progresse lentement. Aucune piste n’a pour le moment été confirmée par les autorités en charge du dossier, et l’analyse des boîtes noires pourrait prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois.
Les boîtes noires analysées à Paris
Récupérées par des experts de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et des soldats français, les deux boites noires du vol AH 5017 ont été acheminées à Paris samedi 28 juillet. Elles seront analysées par les experts du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), afin de déterminer les causes du crash du vol Ouagadougou-Alger. Bien que les autorités maliennes soient en charge du dossier, l’analyse des boites noires se fera en France, car le Mali ne dispose pas des technologies adéquates.
Pour l’instant, la thèse de l’accident semble être privilégiée. Lors d’une conférence de presse organisée lundi, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a confirmé que les pilotes du vol AH 5017 avaient demandé « à se dérouter, puis à rebrousser chemin, avant que le contact ne soit perdu », et ce afin d’éviter une zone de turbulences.
Une source du quotidien français Le Monde accrédite également la thèse de l’accident. « L’avion avait décollé peu de temps avant de Ouagadougou, les réservoirs bourrés de kérosène. Une vraie bombe, je crois que je n’ai jamais vu ça », a-t-il déclaré au Monde. Le correspondant du quotidien sur place poursuit : « La profondeur du cratère laisse penser que la trajectoire de l’avion suivait une forte pente ; qu’il s’est fracassé au sol à pleine vitesse, sans planer, sans pouvoir tenter un atterrissage même désespéré ». Le journaliste conclut donc à un accident, « un avion pris dans une violente tempête tropicale en cette saison des pluies et dont le pilote, pour une raison encore inconnue, perd le contrôle ».
L’enquête pourrait cependant durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Une des deux boites noires, celle qui a enregistré les conversations dans le cockpit de l’appareil, a été endommagée lors du crash.
Des conditions d’enquête particulièrement difficiles
Sur place, au Mali, l’enquête est menée conjointement par la France, le Mali et la Minusma. Malgré les récentes déclarations du Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui a assuré que « l’État algérien a accompli son devoir et une enquête est menée pour déterminer les causes de ce tragique accident en coordination et en étroite collaboration entre l’Algérie, le Mali et la France », le rôle de l’Algérie dans la gestion de la crise reste mineur.
Il n’y a ainsi aucun expert algérien sur la zone du crash, alors que 200 soldats français, 160 soldats des forces maliennes et onusiennes et une cinquantaine d’experts sont présents sur place. Des médecins légistes français sont également arrivés à Ouagadougou. Ils vont effectuer dans les prochains jours des prélèvements ADN pour tenter d’identifier les victimes et de rassembler leurs restes. Mais les conditions sur place sont particulièrement éprouvantes. La chaleur et les pluies torrentielles compliquent le travail des experts, et l’absence d’infrastructures rend les communications et les déplacements difficiles.