Décryptage/ Les start-up algériennes livrées à elles mêmes 

Redaction

En Algérie encore plus qu’ailleurs, les banques se montrent très réticentes pour financer les jeunes entreprises à vocation technologique. Et pour cause, selon des statistiques internationales, 85% des start-up technologiques sont vouées à l’échec, et sont appelées à mourir dans les quelques années qui suivent leur naissance. Ce qui explique, en grande  partie, le manque d’implication des établissements financiers classiques dans leur financement.

Dans les domaines en devenir et à fort potentiel de développement des TIC ou des énergies renouvelables par exemple, une politique active à l’égard des jeunes entrepreneurs est pourtant essentielle si l’on veut encourager l’innovation technologique ou la production de contenus au niveau local. Pour de nombreux experts, les dispositifs de soutien existants, trop généralistes, gagneraient à être renforcés et complétés par de nouveaux instruments financiers qui accompagnerait les entreprises innovantes et les startups technologiques.

En dehors de quelques  initiatives comme celle annoncée par le PDG  de Djezzy, M.Vincenzo Nesci, qui a fait savoir voici quelques mois  que Djezzy allait «créer un incubateur pour promouvoir la création de start-up au sein de l’Ecole Nationale Polytechnique (ENP) et de la Djezzy Academy», les actions dans ce domaine restent extrêmement rares dans notre pays en comparaison de ce qui peut être relevé dans les pays voisins.

Une action spécifique visant  à encourager, en particulier, des investissements en capital- risque et la création de fonds d’amorçage sont, aujourd’hui, considérés par de nombreux spécialistes comme les chaînons manquants des dispositifs de soutien mis en place par les pouvoirs publics algériens au cours des dernières années. Ils constitueraient certainement un moyen pour encourager le potentiel de croissance du marché des TIC ou des énergies renouvelables comparativement aux secteurs «traditionnels» des services, de la construction et des industries chimiques et agroalimentaires.

Un fonds de capital-risque et de développement dédié aux nouvelles technologies

De création récente et encore très peu actifs, la plupart des fonds de capital risque existants en Algérie ont en outre un caractère fortement généraliste, peu adapté à la spécificité des nouvelles technologies. Une démarche plus ciblée est ainsi jugée nécessaire par l’ancien PDG d’une grande banque publique  qui nous confie: « Nous avons  besoin de sociétés de capital risque dédiées aux secteurs d’activités que les pouvoirs publics souhaitent soutenir prioritairement. Il serait donc souhaitable que des sociétés spécialisées dans des filières technologiques particulières – comme les énergies renouvelables ou les TIC par exemple – viennent renforcer les moyens du dispositif existant.»

Un  fonds de capital-risque dédié aux TIC pourrait cibler, par exemple, les entreprises qui ont un profil défini, notamment des PME positionnées sur des niches à fort potentiel de croissance, telles que l’e-government, la sécurité, la sécurité embarquée, les applications mobiles, le green IT, les jeux vidéo, le multimédia, les logiciels de gestion, l’open source, l’Internet des objets, etc.

Il concernerait notamment  des PME ayant plus de trois années de vie, une rentabilité avérée et une situation financière saine ainsi des entreprises avec des projets à caractère innovant ou une forte composante technologique.

Un fonds d’amorçage pour les  start-up technologiques

Situés encore plus en amont que le capital risque dans la démarche de financements des start-up, les  fonds d’amorçage sont encore totalement absents du paysage financier algérien. Destinés au financement des jeunes entreprises, innovantes et à fort potentiel de croissance, ils pourraient  pourtant contribuer efficacement  à l’émergence d’une filière TIC dans notre pays, en ciblant notamment  des porteurs de projets d’entreprises encore au stade de conception et de Recherche &Développement, des entreprises en phase de démarrage de leur activité ou encore des entreprises qui ont déjà achevé le développement d’un produit ou d’un service, mais dont la commercialisation nécessite des capitaux pour démarrer.

Hassan Haddouche

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