C’est l’inconnu de l’élection présidentielle 2014. Le scrutin sera-t-il oui ou non entaché par la fraude électorale et à qui profiterait-elle ? A 7 jours du vote présidentiel, les six candidats à la présidentielle prennent leur précaution. Quel dispositif anti-fraude mettront-ils en place le 17 avril ? Algérie-Focus a interrogé les équipes de campagne :
Ali Fewzi Rebaine : « Accéder au fichier électoral »
« Nous aurons au moins un observateur dans les bureaux de vote où le tirage au sort a été en notre faveur. Sinon nous compterons sur le chef du centre de vote représentant notre candidat », indique Toufik Benallou, chargé de la communication de la campagne du candidat Ali Fewzi Rebaine, président du parti Ahd 54.
Pour le clan de Rebaine, pas question de descendre dans la rue le 18 avril si le scrutin est entaché de fraudes. « Nous sommes pour un changement par les urnes, un changement pacifique », affirme Toufik Benallou, joint par téléphone. « S’il y a fraude c’est le jour du vote, séance tenante, qu’il faudra le signaler sur le procès verbal du décomptage des voix. Pas le lendemain », soutient-il.
A 7 jours du vote, les partisans de Ali Fewzi Rebaine ne sont pas sereins. « On peut surveiller toute la journée les urnes mais le problème c’est que nous avons pas accès au fichier électoral des corps constitués. La liste électorale reste un secret d’Etat », déplore Toufik Benallou.
Abdelaziz Belaïd, président du parti Moustakbal : « On est désarmé face à la fraude«
Le benjamin des candidats à la présidentielle dit pouvoir compter sur quelques 45.000 observateurs répartis sur les 48 wilayas, le 17 avril prochain. « Il y aura au moins une personne par centre de vote », souligne le candidat, joint par téléphone.
Malgré tout, Abdelaziz Belaïd n’a pas l’esprit tranquille. « Oui, on craint la fraude. Il y en a eu à toutes les élections précédentes, présidentielles comme législatives », déclare-t-il, avant d’adopter un ton plus pessimiste : « S’il y a la volonté politique de frauder, on ne pourra rien y faire. Nous sommes impuissants face à l’administration, qui fait tout : elle organise le vote, elle déclare les résultats … Les candidats sont désarmés face à la fraude », lâche-t-il.
Interrogé sur les mesures qu’il prendra en cas de fraude, Abdelaziz Belaïd botte en touche. « Le 17 avril au soir notre parti tiendra une assemblée extraordinaire pour décider de la position adéquate à adopter », indique-t-il.
Ali Benflis, candidat indépendant : « Une victoire au premier s’il n’y a pas de fraude »
Le dispositif anti-fraude du candidat malheureux de l’élection présidentielle 2004, qui a plusieurs répété avoir été victime d’un scrutin tronqué lors de sa première tentative, il y a dix ans, repose cette année sur « 60.000 observateurs », chargés de ne pas quitter les urnes des yeux le 17 avril prochain. Ces observateurs ont été désignés par le candidat et seront répartis sur l’ensemble des bureaux de vote, indique la direction de campagne d’Ali Benflis.
Suffisant pour ne pas revivre le scénario de 2004 ? « Leur rôle est d’empêcher la fraude. Si on n’est pas premier le 17 avril, c’est qu’on aura perdu », tranche Mohamed Salim Moussaoui, chargé de presse dans l’équipe de campagne d’Ali Benflis. A 7 jours du vote, l’espoir d’un vote régulier demeure dans le clan du candidat indépendant. « On aura le résultat définitif le 18. Pas besoin d’un second tour », pronostique Mohamed Salim Moussaoui, qui mise évidemment sur une victoire au premier tour d’Ali Benflis.
Moussa Touati, président du FNA : « Pour un vote électronique »
L’équipe de campagne de Moussa Touati a, quant à elle, mis en place des observateurs sur tout le territoire algérien mais « seulement dans les centres de vote, par manque de moyens », nous indique Abdelkader Boudjoras, le directeur de campagne de Moussa Touati.
« Nous n’avons pas peur de la fraude dans les urnes. Il y a deux façons de frauder, le bourrage d’urnes et la modification des chiffres sur les PV. C’est cette dernière que nous craignons le plus », confie ce responsable de la campagne de Touati.
En cas de fraude, l’équipe de Touati va réagir si « le peuple algérien le souhaite ». « S’il le faut, avec les autres candidats nous ferons front commun contre la fraude ». « Nous ne sommes pas pour sortir dans la rue, depuis 10 ans nous sortons dans la rue pour rien. Les révoltes ou la violence n’ont pas apporté la démocratie », estime encore le directeur de campagne. Il ajoute : « Le peuple algérien a le pouvoir en main, c’est à lui de choisir de quelle manière il veut que l’on lutte ou que l’on élise un candidat. Si le pouvoir voit les électeurs voter en masse ils ne pourront pas altérer cette réalité ».
Les craintes sont tout de même présentes. « A chaque fois c’est la même chose, ils falsifient le chiffre de la participation. Ils annoncent un taux 37 % en réalité il n’est que de 18%. »
Le directeur de campagne a de nouveau évoqué l’idée de mettre en place le vote électronique. « Nous avions même trouvé un bureau d’études capable de mettre en place le vote électronique en Algérie, mais l’idée a été exclue ».
Louisa Hanoune, présidente du Parti des Travailleurs : « La situation est différente qu’en 2004 et 2009 »
La candidate du Parti des Travailleurs pourra compter sur environ 40.000 surveillants des urnes, dépêchés aux quatre coins du pays pour s’assurer de la régularité du vote le 17 avril prochain. « Nous seront présents dans toutes les commissions communales et de wilayas dans le mesure où le tirage au sort nous le permet afin que les voix de Louisa Hanoune restent à Louisa Hanoune », explique à Algérie-Focus, Ramdane Tazidt, chargé de la communication dans la campagne de Louisa Hanoune.
A quelques jours du jour-J, le moral des troupes est au beau fixe au Parti des Travailleurs. « La situation est différente qu’en 2004 et 2009 », estime Ramdane Tazidt, qui reconnaît toutefois que le risque de détournement du résultat reste important. « Malheureusement il n’y a pas la volonté politique, en premier lieu le pouvoir dirigeant, d’organiser une élection dans les meilleures conditions de transparence et de laisser les citoyens exercer leur libre arbitre », déplore-t-il.
Contactée plusieurs fois par nos soins, la direction de campagne polycéphale d’Abdelaziz Bouteflika n’a pas répondu à nos questions