L’annonce par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat ne peut être considérée autrement que comme un coup de poignard dans le dos de l’Humanité. Fruit de longues et fastidieuses tractions, ce compromis, bien qu’insuffisant pour assurer définitivement la survie de notre planète et de notre espèce, constitue le premier consensus mondial sur la nécessité de freiner l’engrenage infernal du réchauffement climatique.
Sa remise en cause, aujourd’hui, par un seul pays, voire par un seul homme, au risque de compromettre l’avenir des générations futures, ne devrait, en aucun cas, être acceptée comme une fatalité. La résistance doit s’organiser sans attendre. Le temps est compté et la moindre tergiversation serait criminelle. Suicidaire.
L’Algérie est, selon l’index «Cimate change vulnerability», aux avant-postes des pays les plus exposés aux effets du réchauffement climatique. Si la situation vient à perdurer, elle connaîtra, dans un avenir proche, une baisse considérable des précipitations qui entraînera une accélération de la désertification, y compris au nord du pays. Cela aura pour amer résultat, d’après les prévisions du Programme des Nations Unies pour l’environnement, la dégradation des systèmes agricoles et son lot de crises alimentaires.
Toute la question est, bien entendu, de savoir si l’Algérie a les moyens d’agir. S’il s’agit d’adopter une position «donquichottesque» en allant seule à la bataille, la réponse ne peut évidemment être que négative. Elle doit, de ce fait, s’inscrire, de manière volontariste, dans une démarche globale visant à construire un rapport de force irréversible en faveur de la stabilisation du climat de la planète. Elle pourrait, par exemple, prendre la tête d’une initiative africaine dans ce sens, surtout que notre continent est vraisemblablement le plus menacé de tous.
Mais d’ores et déjà, le gouvernement algérien doit manifester sa désapprobation de la volte-face des Etats-Unis en remettant en cause, dès à présent, leurs projets de méga-fermes laitières à El Bayadh et Adrar. D’autant plus que ces projets hydrivores risquent de venir à bout des maigres ressources en eau de ces régions. Des ressources qui ne risquent pas de se renouveler de sitôt, justement par les effets du réchauffement climatique.
Le pouvoir algérien peut-il avoir un tel sursaut d’orgueil ? Peut-il revenir sur des décisions d’avantage destinées à nouer des alliances politiques avec l’establishment américain en vue de garantir sa survie, qu’à développer l’agriculture nationale ? Est-il seulement capable d’apprécier les menaces climatiques à leur juste dimension ? En est-il vraiment préoccupé ? Son silence assourdissant au sujet de l’annonce de Donald Trump renseigne sur son désintérêt, sur son incapacité à produire une politique viable sur la question environnementale. Les plus conscients de nos concitoyens sont dans le tourment. Ils savent pertinemment que l’Algérie est sans horizon en la matière. Ils savent surtout qu’elle ne doit pas se «Trumper».
Rachid Ikhenoussène