Pour empêcher les fonctionnaires de converger vers le lieu où devait se dérouler le sit-in de protestation contre la loi sur les retraites, la police a utilisé une méthode qui rappelle les sombres années de l’apartheid : le contrôle au faciès.
Très tôt ce matin de dimanche, la capitale est donc quadrillée. Plus que d’habitude, des policiers sont postés dans les points névralgiques d’Alger. En plus des accès routiers, les gares, stations de bus et de taxis ainsi que les principales artères de la ville grouillent de policiers. Le moindre mouvement est scruté à la loupe par des agents à bout de nerfs. Et pour ne rien laisser au hasard, des hommes en bleu, le visage ferme, montent dans les bus et les trains pour vérifier les pièces d’identité. De nombreux témoignages indiquent que les policiers font descendre systématiquement les citoyens venus des autres wilayates du pays. Ces derniers sont soupçonnés de se rendre dans la capitale pour participer à la manifestation des fonctionnaires.
La méthode du «contrôle au faciès» a déjà été utilisée en 2011, lors des manifestations de l’opposition qui réclamait notamment du changement dans le pays, où des citoyens qui venaient de l’intérieur du pays étaient systématiquement refoulés. Pis, même des travailleurs dans des entreprises ou établissements algérois, mais résidant dans d’autres régions du pays, sont pénalisés. Beaucoup ont dû s’absenter parce que la wilaya d’Alger n’est pas mentionnée sur leur pièce d’identité.
Comme lors de ce genre de mouvements, la circulation automobile dans Alger est devenue impossible. Les principaux axes routiers de la capitale sont fermés, causant d’énormes bouchons.
Lors d’une conférence de presse tenue ce matin, les représentants de l’intersyndicale ont dénoncé ces méthodes policières et promettent de continuer leur mouvement de protestation.
Essaïd Wakli