En France, il n’est pas bon pour un médecin de porter un patronyme algérien

Redaction

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Redha Souilamas est professeur à l’Hôpital Érasme de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Il raconte, dans un livre intitulé La Couleur du bistouri, ses débuts semés d’embûches au sein d’un hôpital public français. Pour ce praticien, qui s’apprête à émigrer aux les États-Unis, porter un patronyme algérien vous expose à toutes sortes d’injustices, même quand vous êtes un médecin confirmé .

Même les médecins étrangers subissent les affres de la marginalisation et de l’exclusion dans les hôpitaux publics français, où ils sont considérés comme « une roue de secours », témoigne Redha Souilamas, professeur à l’Hôpital Erasme de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) sur le site d’Europe 1.

Redha apporte un témoignage poignant sur la condition dans laquelle se trouvent les médecins étrangers, qui sont victimes de vexations et d’injustices dans les hôpitaux publics français. Redha raconte le calvaire de ces « médecins à diplôme étranger », formés à la médecine dans leur pays d’origine, qui font tourner l’hôpital public français mais sont toujours laissés à  la marge.

Injustices et rejet, le lot quotidien des médecins étrangers   

Redha Souilamas est aujourd’hui professeur à l’Hôpital Erasme de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), et s’apprête à quitter la Belgique pour les États-Unis, où un brillant parcours l’attend. Mais le médecin n’a pas toujours été considéré à sa juste valeur, en particulier quand il exerçait dans un hôpital public en France. Il raconte à Europe 1 comment il lui arrivait même de faire des photocopies, lui éminent praticien à l’époque. Titulaire d’un doctorat en médecine de la Faculté d’Alger, Redha a toujours été considéré comme un « FFI », c’est-à-dire de « Faisant Fonction d’Interne », un statut accordé aux médecins étrangers qui ne reconnaît pas leur diplôme à leur juste valeur. À l’absence de reconnaissance s’ajoutent les préjugés et le regard pesant des collègues, raconte le professeur.

Accéder au statut de professeur, impossible en France

En dépit de sa capacité à enseigner et à mener un travail de recherche, Redha Souilamas n’a jamais eu la chance d’être nommé professeur ou chef de service, et ce en raison du système d’exclusion qui y règne. « Vous devriez vous estimer heureux », lui répète-t-on régulièrement dans les jurys. Une fois, un doyen a même osé lui signifier que « nous vous devons une nomination de professeur », avant de laisser entendre que « ce sera compliqué » du fait de son patronyme algérien. « C’est comme pour un mariage, il faut que les deux parties soient d’accord », ose même l’universitaire. L’éminent médecin évoque un système d’exclusion et de racisme social.

Dans son témoignage Redha se demande si la France a raison de marginaliser les scientifiques d’origine maghrébine, alors qu’elle accepte plus facilement les footballeurs et les comiques. Aujourd’hui, le médecin de 58 ans nourrit un seul espoir : que sa fille étudie la médecine à Paris et que les médecins algériens ne subissent pas le même sort que lui.

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