Dans une correspondance -dont nous détenons une copie- adressée au Premier ministre, un professeur de l’École normale supérieure (ENS) de Kouba, à Alger, révèle l’existence d’un réseau dirigé par la direction organisant l' »exportation » d’enseignants de rang magistral vers les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite. La direction de l’ENS dément.
C’est un véritable scandale que vient de révéler un professeur de mathématique exerçant à l’ENS de Kouba. Dénonçant une fuite de cerveaux orchestrée par la direction de cet établissement, l’universitaire qui fut président du conseil scientifique des mathématiques, a dépeint «une désertion multiple et alternée de la majorité des enseignants du corps professoral de rang magistral institué par la direction de l’école durant les 14 dernières années».
«Pour ce faire, la direction délivre des mises en disponibilité renouvelées autorisant jusqu’à dix ans d’absence en utilisant, des fois, des mises en disponibilité-maison interne, couverte par un directeur en poste depuis 2000, qui on peut qualifier, de complaisance-complice», écrit-il, tout en défiant la direction d’inviter le directeur de post-graduation parti depuis des années en Arabie-Saoudite, alors qu’il est inscrit comme présent et occupe toujours son poste à l’ENS.
Le professeur a également expliqué qu’en sus du coup de pouce pour quitter le pays, «ces déserteurs (les enseignants-NDLR) réintègrent l’ENS dès leur retour. Les années qu’ils ont passé à l’étranger sont comptabilisées dans l’avancement de leur carrière (…) certain d’entre eux ont même été promus professeurs de manière tout à fait illégale alors qu’ils étaient maître de conférences lorsqu’ils ont quitté le pays», la direction, explique-t-il, les couvre pour que les instances de contrôle n’y voient que du feu.
Joint par téléphone, le directeur de l’ENS-Kouba a assuré que toutes les accusations portées contre lui sont infondées et que les professeurs qui se sont rendus en Arabie Saoudite ou dans un quelconque autre pays, l’ont fait dans un cadre réglementaire. «Des enquêtes ont été menées sans que de telles transgressions aient été prouvées», a-t-il indiqué, ajoutant que «les demandes de mise en disponibilité passent par des organes financiers de contrôle qui ne peuvent cautionner de telles pratiques».
L’intéressé a souligné le fait que ce n’était pas la direction de son établissement qui a promu ces enseignants, mais une commission siégeant au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur, pour ensuite s’interroger sur le timing de ce qui’ il qualifie d’attaques, expliquant que leur auteur n’a fait que réagir à des mesures disciplinaires prises à son encontre par le conseil de discipline de l’établissement l’année dernière, qualifiant ses agissent d’immoraux et d’inacceptables.