L’actualité nous donne rarement l’occasion de nous réjouir ou de complimenter nos responsables. Alors, pour une fois qu’on a l’occasion de parler des trains qui arrivent à l’heure, on ne va pas se faire prier.
Notre ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, monsieur Mohamed Aïssa, dont la charge ministérielle est loin d’être une sinécure, ne laisse aucune ambiguïté dans ses déclarations quand il s’agit de rappeler les fondements de l’islam, la spécificité de notre histoire et notre choix du rite malékite. Ces rappels ne sont jamais fortuits ni innocents. Ils viennent à point nommé ces jours-ci, compte-tenu du danger imminent de la présence de sectes religieuses étrangères, révélée par les services de sécurité.
« Il y a une panoplie de sectes qui essaient de prendre pied en Algérie », a-t-il déclaré ce 15 juin en citant entre autre, la secte Ahmadiya. Si les sectes sont généralement faciles à identifier parce qu’elles se singularisent par leurs rites et surtout par la dévotion à leur « guide suprême », certaines ont des apparences et des méthodes beaucoup plus pernicieuses.
C’est le cas de la secte Ahmadiya qui proclame le respect des cinq piliers de l’islam ainsi que son crédo (aqida) et se base sur le Coran comme référence suprême et sur la Sunna. Pas de quoi avoir des inquiétudes en apparence, sauf que le fondateur de ce mouvement créé en 1889 en Inde, Mirza Ghulam Ahmad s’est autoproclamé Messie après avoir reçu la révélation, dit-il. Pas de quoi rire ; bien au contraire !
Ses arguments sont simples :
1° : un hadith « hassan » ( réputé fiable ) dispose qu’ « Allah enverra un mujaddid (vivificateur) de la religion auprès de la Oumma à l’avènement de chaque siècle ». Alors me voici !
2° : je me revendique comme prophète ( nabi ) mais pas comme Messager ( rassoul ), sachant que contrairement à un prophète, un messager apporte des prescriptions ou des révélations. Donc pour lui, sa qualité de prophète « ne se heurte pas à la mission de Mohammed (Asws). Il lui est soumis et n’apporte donc aucune loi ». Le raisonnement peut paraître spécieux mais il a été concocté pour répondre au verset qui peut lui être opposé : « Mohammed n’a jamais été le père d’un de vos hommes, mais le messager d’Allah et le dernier des prophètes. Allah est omniscient ». Coran : 33/40
Alors évidemment la panoplie argumentaire, le succès relatif obtenu en Asie (10 millions d’adeptes dans le monde) et le comportement pacifiste des Ahmadistes, peuvent séduire les adeptes de nouvelles croyances, dans un monde de plus en plus en demande de spiritualité. C’est la raison pour laquelle on a tendance à regarder les sectes avec attendrissement pour leur côté innocent, fragile et exotique. Il arrive aussi que quelquefois on les moque ou on les plaigne. Mais l’appréciation générale change complètement dès qu’on s’attarde sur leurs discours ou qu’on découvre la finalité de leur endoctrinement.
Comme toutes les sectes dangereuses, l’Ahmadisme est à l’évidence le faux-nez de toutes les entreprises déstabilisatrices et le cheval de Troie des ennemis de l’islam et des musulmans. Il n’y a pas plusieurs islams. Il n’y en a qu’un.
Notre ministre a mille fois raison d’appeler notre vigilance et de nous mettre en garde contre ces ennemis de l’intérieur qui profitent de la crédulité des gens ou qui les séduisent par leurs largesses sociales ou leur sollicitude en apparence désintéressée. Une chose est de respecter la liberté de penser et le choix des croyances, une autre est de faire le nid des serpents dans sa propre maison.
Aziz Benyahia