C’est l’histoire d’une usine dont le potentiel promettait à l’Algérie de nouvelles perspectives économiques. C’est l’histoire d’un complexe industriel qui annonçait le début d’une rupture avec sa dépendance de l’économie rentière. C’est l’histoire d’un projet économique qui faisait miroiter des milliers d’emplois aux jeunes algériens.
Mais cette histoire a rapidement viré au drame et le rêve s’est transformé en cauchemar. Cette promesse avait pour nom Fertial, la société hispano-algérienne de fertilisants. Cette entreprise industrielle est issue d’un partenariat signé en août 2005 entre le Groupe algérien Asmidal et le Groupe espagnol Grupo Villar Mir, avec respectivement 34% et 66% du capital. C’était le fruit d’un investissement de plus de 170 millions de dollars. Tout avait bien commencé pour Fertial qui a gagné des parts de marché considérables tant à l’export que sur le marché intérieur. 74% de sa production était ainsi exporté. Ce qui avait fait de Fertial le leader du domaine dans le bassin méditerranéen et deuxième dans le monde arabe, derrière l’Arabie Saoudite !
Un exploit. Un miracle économique qui aurait pu inspirer d’autres secteurs, d’autres projets pour encourager le développement économique de notre pays. Mais en Algérie, une belle histoire ne dure jamais. Jamais. Pourquoi ? Parce que nos dirigeants sont victimes d’une maladie incurable : « la sabotophilie ». Oui, nos dirigeants ont tendance à saboter les beaux projets pour empêcher toute véritable dynamique de progrès. Cette propension est profondément pathologique. Preuve en est, en 2016, Fertial est contrainte de fermer son usine située dans la zone industrielle d’Arzew, à Oran !
Ses installations de production d’ammoniac ont cessé de fonctionner. Et les ouvriers mis au chômage technique en attendant un probable et dramatique chômage total. Pourquoi ? Tout simplement parce que qu’aucune autorité compétente n’a daigné accordé à cette usine l’autorisation lui permettant de procéder à l’exportation de sa production ! Cela se passe au moment où notre pays affronte une conjoncture qui nécessite, justement, un soutien sans failles aux acteurs industriels tels Fertial pour se libérer de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures.
Au moment où nos gouvernants promettent de sauver le pays de la faillite, l’un des fleurons de l’industrie algérienne est poussé à la fermeture faute d’une simple autorisation. Ahurissant, surprenant, surréaliste, aucun qualificatif n’est assez fort pour rendre compte d’un tel sabotage. Au niveau de l’usine d’Arzew de Fertial, les capacités de stockage de l’usine ont atteint la saturation. L’entreprise n’a donc aucun autre choix que de se diriger vers l’exportation pour vendre ses marchandises et conquérir de nouveaux marchés. Ce qui est susceptible de rapporter à l’Etat de nouvelles recettes en devises puisqu’une entreprise publique est l’un des deux actionnaires de Fertial.
Malheureusement nos dirigeants « sabotophiles » chroniques ignorent cette logique qui privilégie l’intérêt de la nation. Mais pourquoi, diable, le sieur qui dirige le ministère de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb en l’occurrence, ne daigne pas bouger le petit doigt pour débloquer cette situation ubuesque qui dure depuis plus de cinq mois ? Qu’attend-il pour délivrer cette insignifiante autorisation et permettre à une entreprise industrielle d’exporter sa marchandise ? L’ammoniac fabriqué par Fertial est, en plus, très prisé sur les marchés mondiaux au regard de la baisse des prix du pétrole dont les dérivés entrent dans la fabrication de l’ammoniac. L’Algérie a donc tout à gagner à promouvoir cette activité industrielle pour profiter de cette conjoncture mondiale favorable.
La conjoncture est une chose, le déficit en bon sens de nos dirigeants en est un autre. Fertial emploie plus de 1200 personnes dans ses deux sites d’Annaba et d’Arzew. Cette opération de sabotage menace tout simplement l’avenir de ces emplois et le futur même de Fertial. Et face à ce danger, les Algériens ont tout intérêt à se mobiliser.