L’attaquant qui court le plus contre celui qui court le moins. Voilà qui pourrait résumer le duel de la finale de ce soir (20h au stade Maracana de Rio) entre deux prétendants au titre de meilleur joueur du Mondial 2014, le redoutable buteur allemand Thomas Müller (10 buts en deux participations) et le quadruple Ballon d’or argentin Lionel Messi. Deux styles de jeu que tout semble opposer.
D’après des statistiques de la FIFA compilées par Rue89, Lionel Messi, 27 ans, est l’attaquant qui court le moins depuis le début de la Coupe du Monde. Et pourtant, c’est bien lui le plus décisif avec quatre des huit buts marqués par son équipe. Comment est-ce possible? Un style à l’économie, qui lui permet presque à chaque fois de peser en fin de match : but à la 65e minute contre la Bosnie, à la 91e face à l’Iran, ou encore dernière passe pour Angel Di Maria à la 120e lors du quart de finale contre la Suisse (1-0 après prolongations).
Müller plus rapide
Tout le contraire de Thomas Müller (5 buts, 3 passes décisives), qui se déplace à vitesse moyenne ou élevée (au-delà de 11 km/h) pendant plus de 21% du temps passé sur le terrain -contre moins de 10% pour Lionel Messi, la plus faible moyenne du Mondial. L’attaquant allemand s’emploie beaucoup par des appels en profondeur, là où la Pulga préfère avancer balle au pied. La comparaison des statistiques des deux joueurs lors des cinq premiers matchs du Mondial est éloquente : 68,8kms dont 28,3 avec la possession du ballon pour le premier, contre respectivement 51,9 km et 22,3 pour le second.
Oui mais voilà, Lionel Messi n’a plus marqué depuis le début des matchs à élimination directe, alors que Thomas Müller a inévitablement scoré lors du récital de la Mannschaft en demi-finale contre le Brésil (victoire finale 7 à 1). Car ce sont bien les statistiques collectives qui pèsent en faveur de l’Allemagne : l’équipe a marqué au total 18 buts depuis l’ouverture de la Coupe du Monde, contre seulement 8 pour l’Argentine. Et si l’Albiceleste mène 9 victoires à 6 au total des rencontres disputées entre les deux pays, en Coupe du Monde elle s’est inclinée à 4 reprises pour seulement une victoire face à la Mannschaft.
La superbe finale de 1986 (3-2 pour la bande à Maradona) est certes restée gravée dans les mémoires des amoureux du football, mais le réalisme allemand l’a ensuite emporté en 1990 (finale, 1-0), 2006 (quart de finale, 1-1, 4-2 tab) et surtout 2010 (quart de finale, 4-0). Neuf des 23 joueurs argentins étaient sur la pelouse et se souviennent sûrement de cette dernière humiliation.
Une force ailleurs…
Messi et Müller sont évidemment des acteurs à surveiller de très près, mais vu le profil traditionnellement défensif des deux équipes ce sont les deux gardiens, Sergio Romero et Manuel Neuer, en concurrence pour le Gant d’or de cette Coupe du Monde (aux côtés notamment de l’Algérien Raïs M’bolhi), qui pourraient bien leur voler la vedette. Et là encore, léger avantage pour le portier allemand qui a arrêté 86% des tirs cadrés depuis le début de la compétition…et surtout n’a jamais encaissé un but de Lionel Messi, que ce soit en Coupe du Monde ou en Ligue des Champions. Romero, lui, ne peut pas en dire autant : en 2010, il avait été trompé dès la troisième minute par une frappe d’un certain…Thomas Müller !
Voir les neuf buts de Thomas Müller (5) et Lionel Messi (4) sur le site de la FIFA.