Le Maroc vient de supplanter l’Algérie en signant un accord avec le Nigeria afin de construire un mégaprojet de gazoduc transcontinental de 5000 kilomètres qui va relier, à l’avenir, le Nigeria à l’Europe passant par le Maroc. Le gazoduc en question était conçu initialement pour passer par l’Algérie, avant que le Maroc ne réussisse à décrocher le contrat.
Il semblerait que le Maroc a parfaitement réussi son forcing pour faire aboutir son mégaprojet de gazoduc devant passer par son territoire pour alimenter l’Europe en gaz en provenance du Nigeria. Après avoir signé un protocole d’accord avec son partenaire nigérian, le 15 mai dernier, le royaume chérifien a dores et déjà commencé l’étude de faisabilité du projet.
D’une longueur de 5 000 km, ce gazoduc va, en fait, prolonger le West African Gas, un pipeline reliant le Nigeria au Ghana en passant par le Bénin et le Togo. Le gazoduc devrait à l’avenir alimenter l’Europe en passant par l’Espagne, mais encore faut-il trouver les fonds nécessaires pour un projet de cette envergure.
Concernant le financement de la partie reliant le Nigeria au Maroc, on évoque un budget oscillant entre 25 et 50 milliards de dollars US. Un projet jugé très rentable au vu des parties engagées qui regorgent de ressources naturelles, dont le Nigeria détient à lui seul 90% des recettes et 30% des réserves continentales. Sans oublier le Ghana et la Côte d’Ivoire qui sont déjà deux producteurs-consommateurs de cette source d’énergie stratégique.
Rabat amorce ainsi une coopération stratégique inédite avec le Nigeria. Il faut dire que son partenaire nigérian s’intéresse de plus en plus aux atouts du royaume. La position géostratégique du Maroc aux portes de l’Europe et trait d’union entre les grands producteurs d’hydrocarbures africains, et le vaste marché occidental élèvent le royaume chérifien au rang d’acteur clé pour le transit du gaz et de l’or noir au détriment de l’Algérie.
Il faut dire que la signature de cet accord entre le Nigeria et le Maroc est un véritable échec pour l’Algérie qui avait multiplié les initiatives pour le promouvoir, le faire connaître, pour trouver des financements. Ce sont des sommes considérables qui ont été déboursées dans l’organisation de conférences au Nigeria et en Belgique. Le Trans-saharan gas pipeline (TSGP) représentait un défi majeur pour la Sonatrach, un défi que vient de perdre la compagnie nationale qui ambitionnait de peser encore plus lourd en renforçant la position de l’Algérie et en lui donnant un aspect stratégique incontournable.
Le Nigeria tiendra-t-il ses engagements à l’endroit de l’Algérie concernant la construction du TSGP qui croupit dans les tiroirs depuis 14 longues années ? Pas sûr!
Massi M.