Comme la majeure partie des personnalités nationales qui ne participent pas à la présidentielle, l’ancien premier ministre Sid-Ahmed Ghozali met en garde le pouvoir quant à la possibilité de voir la situation actuelle conduire le pays vers le chaos.
« En ce moment peu glorieux pour notre pays, je veux prendre date : j’alerte l’opinion et mets solennellement en garde le pouvoir : à force de refuser le changement dans l’ordre, nous aurons le changement dans le désordre, c’est-à-dire le pire des changements », a déclaré le président du Front démocratique lors d’un débat organisé par le quotidien Liberté. Pis, l’ancien chef de gouvernement qui affirme qu’il n’est « candidat à rien » met en garde contre le dérapage qui pourrait découler du refus du pouvoir à changer la situation. « Le pouvoir se rapproche inéluctablement de l’implosion et nous entraine dans son sillage vers le chaos », a-t-il dit prédisant des troubles lors qu’il n’y aura plus d’argent. L’heure de vérité arrivera, selon l’orateur « quand il n’aura plus d’argent à jeter par les fenêtres. Plus dure sera alors la chute. Du propre fait du pouvoir, le pire est hélas devant nous ».
L’ancien chef du gouvernement, qui a démissionné de son poste après l’assassinat du président Boudiaf en juin 1990, estime que l’élection présidentielle d’avril est « une fumisterie ». « Le quatrième mandat n’est qu’une parodie ou fumisterie », dit-il. Pis, il pense que le système veut imposer à la société un homme malade. «On joue depuis des mois, voire des années, de la santé d’un homme, pour se jouer de tout un peuple, sans craindre de donner au monde, l’Algérie en spectacle, pour s’apprêter à de nouvelles présidentielles préfabriquées ».
Sid-Ahmed Ghozali, qui veut changer tout le système, dont il a été « un serviteur et non un membre », explique, entre autre, que l’Algérie a consommé « en 3 mandats 800 milliards de dollars sur les 1000 que l’Algérie a engrangés depuis l’indépendance ». « C’est grave. Nous consommons une richesse que nous n’avons pas produite. Elle est un don de la nature », s’exclame celui qui était pendant de longues années Directeur général de Sonatrach.
C’est parce que cette élection est « un évènement » pour lui, que Ghozali ne veut donner aucune consigne de vote. « Il ne servira à rien de voter », a-t-il dit.
Essaïd Wakli