En Algérie, le Noir africain noir est moqué, méprisé, insulté, maltraité et rejeté. Jamais au grand jamais, le racisme anti-subsaharien n’a été aussi puissant, aussi enraciné dans notre société. La presse, les gendarmes, la police et même les députés et les hauts responsables banalisent ce racisme et trouvent des justifications aux dérives dont sont victimes les migrants subsahariens dans notre pays.
L’Algérien n’aime pas l’Afrique. Il ne se sent pas africain. Il se sent arabe, musulman, berbère, mais en aucun cas africain. Et en tournant le dos au continent qui promet les plus belles perspectives de croissance dans le monde, les Algériens ratent une opportunité précieuse pour entrer dans la modernité. Une opportunité que vient de nous voler le petit Rwanda. Un petit pays de l’Afrique australe cent fois plus petit que l’Algérie. Le Rwanda ne fait même pas la taille de la wilaya d’Alger. Un pays qui a connu, en 1994, l’un des génocides les plus terribles de l’histoire de l’humanité. Plus de 800 mille morts en quelques heures. Des personnes massacrées avec une cruauté sans pareille.
Pourtant, en dépit de tous ces épisodes malheureux, le Rwanda a enclenché un processus de croissance très dynamique. Sous la coupe du président Paul Kagamé, un dirigeant certes controversé mais ô combien efficace, ce petit pays se métamorphose et se distingue par une bonne gouvernance. Ce petit pays enclavé de 12 millions d’habitants connaît un essor certain, reléguant ses traumatismes au rang de fâcheux souvenir. Et aujourd’hui, tout semble bien marcher car la croissance culmine à 6,8% en 2016, après avoir atteint 6,9 en 2015, et 7% en 2014. Des performances rendues possibles notamment grâce au secteur des services et à l’agriculture.
Ces « Noirs méprisés » par les Algériens ont lancé aujourd’hui l »écosystème de la connaissance ». En effet, alors que la grande Algérie riche et prospère par ses pétrodollars abandonne ses universités à la pénurie des moyens pédagogiques, le petit Rwanda lance l’ambitieux projet d’un institut africain pour les sciences mathématiques (AIMS). Pour un simple financement de 50 à 60 millions de dollars sur cinq ans, la capitale rwandaise s’offre le plus important institut de recherche de tout le continent. Kigali accueillera même le prochain « Next Einstein forum » en 2018…
Grâce à cet institut, le Rwanda accueillera le physicien belge François Englert, lauréat du prix Nobel, ainsi que le cosmologiste sud-africain Neil Turok. Scientifique de premier plan basé au Canada, ce dernier a fondé, en 2001, l’AIMS au Cap, en Afrique du Sud, avec le projet d’en faire une petite école destinée à dispenser une formation scientifique d’excellence à de jeunes Africains venus de tout le continent. Avec à peine 50 à 60 millions de dollars, le petit Rwanda a franchi un pas important sur la voie de la modernité. Sa cote auprès des investisseurs ne cesse de croître et son image de pays dynamique séduit de plus en plus les investisseurs. Comme quoi, il ne faut ni des réserves de changes, ni des pétrodollars, ni du gaz de schiste pour développer un pays. Au pays de Kagamé, cette philosophie donne des fruits. Au pays de Bouteflika, on préfère toujours jeter des milliards dans les grandes mosquées, les logements sociaux, les subventions tous azimuts ou les équipements militaires et le recrutement des policiers, alors que la connaissance est… tout bonnement ignorée. A coup sûr, le bon sens n’est pas la chose la mieux commune en Algérie.