Google/ Les Algériens recherchent essentiellement le sexe et la religion

Redaction

Trois étudiants algériens de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, en France, ont fait une découverte étonnante sur les thèmes de recherche faites sur Internet par les Algériens. En utilisant l’outil de Google, Google Trends, qui permet d’explorer les tendances en matière de recherches menées sur Google, ces étudiants ont constaté que les deux thèmes les plus recherchés par les Algériens sont le sexe et la religion.

En prenant comme référent symbolique d’un site pornographique le terme « xnxx » (xnxx.com étant un des sites pornographiques les plus populaires au monde), ils relèvent que celui-ci est bien plus recherché sur Google par les Algériens que le terme « Coran ». Cependant, pendant la période du ramadhan, le terme « xnxx » est moins recherché que le « Coran », même s’il reste bien plus populaire pendant cette période que les autres termes liés à la religion.

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En comparant ces tendances avec celles des populations d’autres pays, notamment la France et les Etats-Unis, ils montrent que la recherche du terme « xnxx » est bien plus importante en Algérie. Poursuivant leur analyse, il ont utilisé un autre outil : Alexa, qui  permet de voir quels sont les sites les plus populaires dans chaque pays, car il est fort possible qu’un site comme xnxx.com soit moins populaire dans d’autres pays en raison de la concurrence d’autres sites pornographiques plus fréquentés, ils ont constaté que pornhub.com en France, l’équivalent de xnxx.com en Algérie, que les recherches de « pornhub » en France sont similaires, voire légèrement plus importantes que celles de « xnxx » en Algérie.



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Certaines tendances semblent persister en revanche, et confirment donc certaines des hypothèses de nos trois étudiants en France. L’Algérie est l’un des rares pays qui place un site pornographique parmi les 10 sites les plus consultés du pays. Des sites à caractère pornographique apparaissent aux 10ème (xnxx.com) et 20ème places (xvideos.com) des sites les plus populaires. Au Maroc et en Tunisie aussi, un site porno squatte les premières places, même si son classement reste beaucoup moins important que celui de son homologue algérien (le premier site, encore xnxx.com, étant respectivement aux 20ème  et 17ème places).

Dans les pays européens, la donne est différente. En France, le premier site porno (‘pornhub.com’) n’appairait qu’à la 49ème place. On retrouve un classement similaire pour le Royaume-Uni, avec le même site présent à la 44ème place. Idem pour l’Italie.

Dans le classement mondial, le premier site pornographique se trouve à la 47ème place (‘xvideos.com). Les préférences de ces trois pays développés d’Europe rejoignent donc la moyenne mondiale. Il faut, cependant, relativiser cette conclusion en gardant en tête que l’accès à Internet reste bien évidemment trusté par les grands pays industrialisés.

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Plusieurs hypothèses peuvent être avancées

La population algérienne est beaucoup plus jeune que dans ces pays d’Europe, et on peut légitimement imaginer que les jeunes générations consomment plus de produits à caractère pornographique. Karim Chougui, l’un des étudiants auteurs de l’analyse, met en exergue la complexité de la question du mariage dans un pays comme l’Algérie, souvent retardé pour de multiples raisons, ce qui est susceptible d’engendrer certaines frustrations sexuelles chez les plus jeunes. L’accès à des vidéos porno en dehors d’Internet (vidéoclubs, chaînes télévisuelles) est aussi plus facile en Europe et dans les pays occidentaux, et permet donc aux utilisateurs européens d’être moins dépendants d’Internet. Ceci dit, l’Algérie ne diffère pas beaucoup de certains pays émergents où les internautes accordent une place importante aux sites pornographiques. Preuve en est, au Brésil, le premier site (xvideos.com) est à la 15ème place du classement; en Inde, à la 18ème place et au Bangladesh, à la 11ème place.

Il y a aussi des facteurs économiques et concurrentiels, avec la possibilité d’un site dominant captant toute la concurrence, et dont la forte part de marché expliquerait la position avancée au sein de certains classements. Beaucoup de facteurs entrent finalement en compte et il serait prétentieux de tirer des conclusions hâtives par rapport à des phénomènes qui restent difficilement quantifiables. Néanmoins, la forte place accordée à des sites pornographiques dans des pays réputés conservateurs soulèvent de nombreuses interrogations sur le fonctionnement de ces sociétés. Et ces données communiquées par le web méritent un véritable débat de société en Algérie.

Tahar. S