Salons de coiffure vs accélérateurs de start-up Par Abdou Semmar

Redaction

Le pays est en crise. C’est une évidence et tous les Algériens le savent. Le déficits budgétaire se creuse. Au cours des quatre premiers mois de l’année  2016, il a atteint 7,632  milliards de dollars (mds usd). Nos exportations en hydrocarbures poursuivent leur inexorable chute. Elles ont baissé de 23,1% au cours des quatre premiers mois de cette année. 

En clair, nos exportations ne suffisent plus à couvrir nos importations, d’où le recours massif aux réserves de change. Quant au fonds de régulation des recettes, il est mort de sa belle mort. L’Algérie a besoin d’un nouveau souffle et d’une nouvelle stratégie pour se transformer économiquement. C’est une priorité absolue. Mais, pendant ce temps, nos ministres versent dans la diversion et le bricolage. Au lieu de mener de véritables réformes, ils multiplient les shows médiatiques stériles.

La palme d’or du spectacle trompeur et ridicule revient, sans conteste, à  Houda Imane Faraoun, ministre de la Poste et des TIC. Pour éluder son médiocre bilan, elle tente la séduction et multiplie les selfies dans les salons de coiffure et pousse quelques coups de gueule lors de ses visites d’inspection, mais ne développe aucune vision stratégique de son secteur. Depuis son arrivée, presque rien n’a été accompli en faveur des nouvelles technologies et des investisseurs algériens. Le débit Internet est toujours aussi insignifiant au point où notre pays est devenu la risée du monde. Algérie-Télécom s’embourbe dans ses multiples dysfonctionnements. Le paiement en ligne reste un vœu pieux. Un retard assumé et même justifié par la jeune ministre ! La 3 G ne profite qu’aux opérateurs de téléphonie mobile qui engrangent des bénéfices colossaux.

Des régions entières de l’Algérie ne connaissent pas encore les bienfaits du numérique. Aux fins fonds du pays, des écoliers ignorent encore les rudiments de l’informatique. Le contenu numérique algérien est si faible que notre pays n’existe presque pas sur la carte numérique mondiale. La jeunesse de Houda Imane Feraoun avait suscité un espoir au tout début de sa nomination. Le réveil est douloureux car rien ne différencie cette ministre des autres dinosaures de la vie politique algérienne : langue de bois, fausses promesses et incapacité à répondre aux besoins des Algériens.

Au Chili et en Irlande, ces petits pays qui ne disposent pas des ressources naturelles de l’Algérie, ont réussi à se métamorphoser grâce à leur politique favorable aux entrepreneurs dans les nouvelles technologies. Au Chili, un programme intitulé « Start-up Chile » a été lancé pour attirer les entrepreneurs du monde entier. Des milliers d’emplois ont été créés et ce pays abrite désormais la plus importante « famille entrepreneuriale » dans le monde. Les entrepreneurs inventifs y trouvent un environnement encourageant, des facilitations et des soutiens techniques et financiers. Le résultat ne s’est pas fait attendre : le pays est devenu dynamique, son contenu numérique lui rapporte des devises et son économie est de plus en plus performante.

Mais au Chili, ils n’ont pas de Houda Imane Feraoun qui se donne en spectacle sur les réseaux sociaux au lieu de relever les vrais défis du pays. La-bas, au Chili, les dirigeants n’ont pas le temps de chercher le buzz, ils travaillent, d’abord, pour développer leur pays. Aux salons de coiffures, ils préfèrent les accélérateurs de start-ups…