L’ancien appelé de l’armée coloniale française, Henri Pouillot, aujourd’hui militant anticolonialiste, a exhorté, hier dans une lettre, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de reconnaître les crimes coloniaux et surtout, de ne pas rendre hommage à Bigeard, le colonel tortionnaire durant la guerre de libération nationale.
Si cet ancien appelé a réagi, c’est parce que Le Drian va rendre cet hommage officiel, le 26 novembre, à l’occasion d’un colloque consacré au responsable de la mort de nombreux Algériens mais aussi de Français militants de la cause nationale, à l’instar de Maurice Audin.
Henri Pouillot parle en connaissance de cause puisqu’il été affecté dans un des centre où se pratiquait la torture par l’armée coloniale en Algérie. «Témoin (appelé à l’époque) de la guerre de libération de l’Algérie, de la torture, puisque affecté pendant neuf mois à la Villa Susini de sinistre mémoire, je reste donc très sensibilisé aux prises de positions officielles concernant les séquelles de cette guerre», affirme ce militant, ajoutant : «Quelle honte qu’un gouvernement de gauche trahisse ainsi les valeurs républicaines de notre pays, surtout dans une période où le gouvernement ne cesse d’y faire référence». «C’est sous ses ordres que Maurice Audin est mort en détention (dixit monsieur le président de la République dans son communiqué du 17 juin 2014), mais ne vaudrait-il pas mieux dire assassiné ? Quand comptez vous diffuser auprès des historiens, de la famille les documents et témoignages concordants que vos services ont trouvé pour remettre enfin en cause l’ineptie de l’évasion de Maurice Audin», écrit-il encore au ministre de la Défense.
Pour l’ancien appelé, Bigeard porte une grande responsabilité dans ce qui s’est passé comme dépassements durant la Bataille d’Alger. «Comment pouvoir condamner des crimes de guerre perpétrés en Syrie quand notre pays n’a pas reconnu et condamné les siens?», conclut Henri Pouillot.
Elyas Nour