Pointée du doigt par les anti-gaz de schiste d’In Salah, Total Algérie dément catégoriquement ce mardi 3 mars être en possession d’une licence de gaz de schiste. La filiale algérienne de Total reconnaît, en revanche, mener un projet de production de tight gas dans la région Timimoun, à plus de 800 au sud-ouest d’Alger. Explications.
Au cœur d’une polémique sur une éventuelle collaboration avec Sonatrach pour l’exploration du potentiel de l’Algérie en gaz de schiste, au niveau du bassin gazier d’Ahnet Gourara, situé à plus de 1.200 km au sud-ouest d’Alger, depuis plusieurs semaines, Total Algérie sort de son silence ce mardi 3 mars. La filiale algérienne, contactée par nos soins, réfute les informations rapportées par nos sources locales, accusant l’entreprise française pétrolière privée de participer au forage des puits-pilotes à In Salah. « Total n’a pas de permis d’exploration, ni de projet de développement de gaz de schiste en Algérie », affirme Wassila Boubekeur, chargée de communication de Total Algérie, contactée ce mardi par téléphone. Et d’insister : « Total n’est pas liée à ce type d’activité en Algérie ».
Pas de permis de gaz de schiste en Algérie ….
Dans le même temps, elle explique qu’aucun employé de la société française n’est présent à l’heure actuelle sur le bassin gazier d’Ahnet. « Total ne mène plus d’activité sur ce site depuis juin 2014 », soutient la responsable de la communication. Réagissant aux accusations de l’euro-député Vert José Bové, qui a apporté son soutien aux manifestants anti-gaz de schiste d’In Salah, dans une interview lundi publiée par Mediapart lundi, la maison-mère a publié un démenti laconique le soir même via son compte Twitter. « Pas de production, d’exploitation, ni de demande de permis pour Total », a-t-elle ainsi déclaré sur ce réseau social.
Polémique #GazDeSchiste #InSalah : Pas de production, d’exploration, ni de demande de permis pour #Total – cc @josebove @mediapart #Algérie
— Total (@Total) March 2, 2015
À Total Algérie, on pense que la polémique est née d’un « amalgame ». « Il y a certainement dû y avoir une confusion car Total était bien présent à Ahnet jusqu’en juin 2014. Nous avions un permis d’exploration de gaz naturel et non pas de gaz de schiste. Total a remporté un appel d’offre en 2009 pour l’exploration d’un puits-test dans le bassin d’Ahnet. Le forage a débuté en 2011. Faute d’accord avec notre partenaire algérien [ndlr Sonatrach], Total s’est retiré de ce projet », souligne Wassila Boubekeur. Autrement dit, le géant pétrolier français n’est pas allé jusqu’à la « deuxième phase » de ce projet, la « phase de développement », communément appelée « phase d’exploitation », précise la même source.
… mais un projet de développement du tight gas à Timimoun
Si Total Algérie rejette les accusations des manifestants anti-gaz de schiste d’In Salah, relayées par José Bové, l’entreprise française reconnaît être impliquée dans un projet de développement de gaz non-conventionnel dans la région de Timimoun, dans le cadre d’un consortium avec Sonatrach (51%) et (Cepsa 11,25%). Le tight gas, en l’occurrence. D’après la définition que Total donne sur son site internet, le tight gas est une ressource gazière non-conventionnelle piégée « dans des réservoirs ultra-compacts, dont la porosité et la perméabilité sont très faibles. Les pores de la roche réservoir contenant le gaz sont minuscules, et la compacité de la roche est telle que le gaz ne peut s’y mouvoir que très difficilement. » Le projet n’en est qu’à ses débuts. « Nous en sommes à ce jour à l’état de pré-développement. Nous menons des consultations pour la construction de la base-vie. D’après des estimations prévisionnelles, la production démarrera en 2017 », détaille Wassila Boubekeur au téléphone. Le projet prévoit le forage de 37 puits, tous situés à « environ 200 km au sud-ouest de la ville de Timimoun », précise la responsable de la communication de Total.
Ce projet pourrait à son tour faire face à l’opposition de la population locale étant donné que, comme le gaz de schiste, l’exploitation du tight gas , une ressource peu développée jusqu’à présent, en dehors des Etats-Unis, nécessite le recours à la fracturation hydraulique. Une méthode décriée par les habitants d’In Salah pour son impact environnemental et la sanitaire. Sur ce point, Total Algérie botte en touche. « Nous ne souhaitons pas pour l’heure communiquer à ce sujet », déclare la chargée de communication.