Après avoir procédé à une « purge » dans les milieux wahhabites et annoncé vouloir s’orienter vers de nouvelles interprétations des textes sacrés, l’Arabie saoudite étend le champ de son action anti-intégriste à d’autres composantes de cette mouvance. Le cheikh Youcef El Karadaoui, prédicateur égyptien, devenu qatari après avoir été chassé de son pays, est dans le collimateur des autorités saoudiennes.
Dans un communiqué rendu public vendredi, la haute instance des grands savants –oulémas- d’Arabie saoudite a indiqué que Youcef El Karadaoui et son organisation, Union internationale des oulémas musulmans, fonctionnent «selon des considérations partisanes étroites, mettant en avant les intérêts de cette organisation au détriment des intérêts des musulmans». Plus grave, l’organisation d’El Karadaoui est perçue par les Saoudiens comme porteuse de «de fitna dans certains pays musulmans, particulièrement arabes». Autrement dit, cet organisme, qui a pour mission d’édicter des fatwas dans l’ensemble des pays musulmans, soutient le terrorisme et la violence.
Youcef El Karadaoui, proche des Frères musulmans en Egypte, est un des personnages les plus controversés de la galaxie islamiste. Il a été expulsé d’Egypte, puis déchu de sa nationalité par le régime de Hosni Moubarak. Les autorités de son pays lui reprochent des fatwas incitant à se soulever contre le pouvoir dans son pays.
En Algérie, l’homme est surtout connu pour ne pas avoir dénoncé la violence islamiste durant les années 1990. Imam cathodique officiant notamment sur la célèbre chaîne satellitaire Al Jazeera, El-Karadaoui prêche un islam politisé. Il avait particulièrement soufflé sur les braises du « printemps arabe ». Il s’était également distingué par un silence complice au plus fort des massacres des GIA en Algérie.
L’Arabie saoudite, soucieuse de redorer son blason, terni notamment par des accusations de soutien au terrorisme, tente depuis quelques semaines de se démarquer des thèses extrémistes. Son prince-héritier, Mohamed ben Salmane, a notamment déclaré que son pays allait se débarrasser des idées wahhabites, qui ont servi de base au Royaume.
Rania Aghiles