Le patron du MSP, Abderrezak Makri, a une nouvelle fois confirmé son opportunisme. Alors qu’il s’est inscrit dans le mouvement de l’opposition, le président du parti islamiste n’exclut pas de participer aux élections législatives de l’an prochain quitte à faire imploser la CNLDT.
«Nous avons pris part à toutes les élections législatives malgré la fraude qui les a entachées et ce, parce que nous ne voulions pas que les lois conçues pour brader les richesses du pays soient promulguées à notre insu, sans que nous ne le sachions. Et nous accordons la même importance aux législatives de 2017. Mais, il ne faut pas que nous participons pour participer. Nous devons travailler pour gagner une place de choix dans la prochaine législature», a-t-il indiqué lors de l’ouverture, mercredi à Zeralda, des travaux de l’université d’été de son parti.
Plus, Abderrezak Makri tend la main au pouvoir. «Si le pouvoir se rationalise et laisse l’urne arbitrer la compétition politique en 2017 pour favoriser l’émergence d’un parlement fort et représentatif de la volonté populaire, nous partons pour un gouvernement d’union nationale qui intègre des compétences de toutes les couleurs politiques. Nous sommes ainsi prêts à s’effacer et laisser nos ambitions de côté pour mener à bien cette transition et assumer le rôle qui nous sera dévolu dans cette équation», a-t-il ajouté.
Cette sortie de Abderrezak Makri intervient deux jours après une interview accordée par l’ancien président du MSP, Aboudjerra Soltani, au journal El Khabar, dans laquelle il annonce que les partis d’opposition vont devoir participer aux élections législatives. L’ancien ministre, partisan de l’entrisme politique, exprime en réalité une bonne partie des militants de cette formation politique qui n’a basculé dans l’opposition qu’à l’arrivée, en 2012, de Abderrezak Makri à sa tête.
Cette sortie de Makri n’est donc qu’un retour aux sources. Car, en réalité, la présence de la branche algérienne des Frères musulmans dans l’opposition est rarement prise au sérieux. Preuve en est qu’Abderrezak Makri est allé, seul et sans consulter ses partenaires de l’opposition, rencontrer le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Une initiative critiquée par les autres partis politiques. Le différend qui est né de cette démarche a été aplani lors d’une réunion de la CLTD. Mais ce n’était qu’un sursis. Et il n’est pas sûr que le RCD ou le FDJ (de Djaballah) acceptent cette nouvelle «trahison».
Essaïd Wakli