Nous sommes Algériens et nous ne sommes pas tous des terroristes ou des clandestins Par Abdou Semmar

Redaction

Clandestins, terroristes, islamistes, délinquants. La terminologie employée à propos des migrants algériens en Europe suinte un incommensurable mépris à notre égard. Les Algériens sont ainsi réduits, dans le discours médiatique international, notamment occidental, à un conglomérat d’énergumènes dangereux. 

Ce discours horripilant se développe dangereusement depuis des années en France, en Allemagne et un peu partout en Occident. Le migrant algérien est rarement associé à la réussite économique, l’ascension sociale, le mérite académique ou l’exploit sportif. On parle surtout des Algériens lorsque des femmes sont sexuellement agressées, des attentats terroristes perpétrés ou des migrants clandestins interceptés. Ce même discours médiatique génère des préjugés racistes et un phénomène de répulsion à l’égard de notre pays.

Il est peut-être vrai que des Algériens ont commis des crimes, perpétré des agressions sexuelles ou participé à des actions terroristes, mais ces criminels ne peuvent être représentatifs des six ou sept millions d’Algériens vivant à l’étranger. Ils ne sont pas plus les ambassadeurs des 40 millions d’âmes vivant en Algérie. Mais comment convaincre les médias occidentaux de cette réalité ? Certainement pas le régime politique algériens dont les frasques à l’étranger ne font qu’accentuer la dégradation de l’image de notre pays. De nombreux compatriotes réussissent, occupent des postes clés dans les pays développés, amassent légalement des fortunes, créent des richesses et des emplois, participent à l’essor du savoir et de la science. Mais ces Algériens n’intéressent point les médias. Ils ne sont pas vendeurs.

Dans ce contexte, force est de constater la défaillance criante de notre ministère des Affaires étrangères. Déployé sur tous les continents, à travers un important réseau d’ambassades et de consulats, et disposant d’un budget excédant les 300 millions de dollars, il ne joue quasiment aucun rôle dans la valorisation de l’image de notre pays et de son peuple. Nous n’avons jamais entendu nos ambassadeurs intervenir dans les colonnes des médias pour annihiler les préjugés et clichés nuisant à l’image de l’Algérie. Aucun de nos diplomates n’est, par exemple, intervenu à Berlin pour dire aux Allemands que tous les Algériens ne cautionnent pas les agressions sexuelles commises à Cologne lors des fêtes de fin d’année. Quel est l’ambassadeur algérien ayant fait une communication, pondu un article, produit une vidéo ou organisé une exposition pour mettre en relief les qualités humanistes de notre culture ancestrale ?

En 2016, force est de constater que de petits pays comme le Qatar ou Singapour disposent d’un « soft power » beaucoup plus important et puissant que notre Algérie millénaire ! Sur la scène internationale, notre pays est associée à un « trou noir » qui inspire la crainte et la peur. Nous n’avons jamais su vendre nos atouts, promouvoir notre patrimoine ou notre histoire. Ni la cuisine algérienne, ni notre musique, ou nos arts en général, ne sont promus, défendus et exposés aux quatre coins du monde pour rappeler à l’humanité que les Algériens ne sont pas un peuple de frustrés sexuels, de terroristes et de clandestins.

Notre voisin, le Maroc travaille son image et en fait même un label. Il se vend comme un pays accueillant. Et cette politique recueille des résultats. Notre pays, quant à lui, est entre les mains de forces qui le réduisent à un vaste asile de personnes dangereuses. Il est temps qu’une nouvelle élite de la société civile émerge pour crier haut et fort que nous, Algériens, ne sommes pas des terroristes ou des harraga. Il est temps que le monde connaisse notre génie et notre sensibilité. N’en déplaise à ceux et celles qui veulent nous condamner ad vitam æternam à l’enfer des préjugés.

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