La justice algérienne ne cesse d’étonner. Un homme risque de passer trois ans en prison pour avoir diffusé des images de policiers en train de s’adonner à des actes de vol dans la ville de Ghardaïa.
Youcef Ouled Dada, un Mozabite de 47 ans, est accusé de « publication de photos et de vidéos qui touchent à l’intérêt national » et « d’outrage à corps constitué », a déclaré à l’AFP Me Abderrahmane Saleh, l’un des neuf avocats du collectif de la défense. Bien sûr que l’accusé nie les accusations du tribunal. Une attitude qui n’a pas empêché le procureur de demander au juge de condamner Ouled Dada à 3 ans de prison. Le verdict est différé pour le 10 juin prochain.
Mais la question que les avocats se posent est celle de savoir pourquoi est-ce que ce ne sont pas plutôt les policiers qui sont jugés ? « Dans ce procès, au lieu d’enquêter sur la réalité des faits, on poursuit la personne qui les dénonce », a déclaré à l’AFP Me Amine Sidhoum, l’un des avocats de la défense. « La population est prise en otage. Ceux qui dénoncent sont poursuivis et ceux qui ne dénoncent pas sont également poursuivis pour non dénonciation », a ajouté Me Sidhoum qui regrette « l’utilisation et l’instrumentation de la justice afin de mettre la pression sur la population ».
Youcef Ouled Dada est en détention provisoire depuis mars dernier. Il est poursuivi pour des faits qui se sont déroulés en novembre 2013, au début des événements de Ghardaïa.
Essaid Wakli