Au bout d’un procès retentissant, qui s’est déroulé mercredi à Médéa, au cours duquel la rhétorique développée par les avocats a souvent tranché avec les approximations du procureur de la République, les militants politiques de Ghardaïa, dont le célèbre Kamel-Eddine Fekhar, ont été condamnées à des peines de prison.
Le militant des Droits de l’Homme a été condamné à 5 ans de prison, dont 18 mois ferme. La peine est assortie d’une amende de 50 000 DA. La même peine a été également prononcée (avec 3 ans de sursis) à l’encontre de son co-détenu, Abdallah Ben Abdallah. Ce dernier devait quitter la prison hier soir. Les militants sont poursuivis pour «incitation à la violence et à la haine».
Le verdict a soulagé les soutiens de ces militants car, théoriquement, Fekhar et ses compagnons devraient quitter la prison puisque cela fait plus de 18 mois qu’ils sont derrière les barreaux. Mais la réalité est plus complexe : une autre affaire attend, jeudi matin, Kamel-Eddine Fekhar. Une autre peine l’attend également. Mais selon des témoins, la défense du militant, incarnée par de prestigieux avocats tels Mustapha Bouchachi, Mokrane Aït-Larbi et Salah Debouz, caresse l’espoir de voir leur mandant libéré.
La tâche est pourtant difficile. «Un dossier préfabriqué, avec des accusations sans fondements mettant mal à l’aise la cour », indique Hamid Ferhi, secrétaire général du MDS, qui a assisté au procès. Des témoins redoutent une peine plus lourde du fait que les accusations sont encore plus lourdes que celles de la veille. Le Dr Fekhar devra notamment répondre de l’accusation de «collaboration avec des puissances étrangères» et atteinte «à la sécurité de l’Etat».
Pour dénoncer le retard dans le lancement de son procès, Kamel-Edine Fekhar a effectué récemment une grève de faim qui a duré 107 jours. Mercredi, des témoins l’ont dépeint comme étant «digne» et «courageux» malgré l’épreuve.
Rania Aghiles