Ce n’est pas de l’interprétation, mais une évidence: nous n’avons pas les compétences nécessaires au gouvernement pour rédiger des lois de finances capables de propulser l’Algérie vers le développement. Nous n’avons pas de matière grise aux commandes du pays. Preuve en est, les déficiences inquiétantes et étonnantes dans la loi de finances 2016.
Des insuffisances et des dérives qui illustrent parfaitement le manque de qualifications de l’équipe actuelle à la tête de l’Etat. L’ouverture, la libéralisation sont, certes, un processus nécessaire et non-négociable. Mais, une ouverture contrôlée, régulée, orientée vers des objectifs de développement précis, voila de quoi a besoin l’Algérie. Or, depuis Premier ministère jusqu’au plus petit des départements, les cadres dirigeants actuels n’ont pas les aptitudes pour rédiger une feuille de route obéissant à une stratégie rationnelle et bien réfléchie. On improvise, on trafique, on bidonne, on fait des montages simplistes. Bref! Un amateurisme ridicule dans la confection des lois dans l’Algérie de 2015.
De son côté, l’opposition ne fait pas mieux. Elle se contente, comme toujours, de crier à la main de l’étranger, elle cultive le complotisme, le discours nationaliste dans ses aspects les plus archaïques. Aucune contre-proposition concrète ni contre-feuille de route assise sur une profonde réflexion. Louisa Hanoune, l’Alliance Verte ou le parti de Benflis sont-ils capables de rédiger une loi de finances digne de ce nom ? Pas si sur Quelle est donc la solution ? Laissez-faire les experts et taisez-vous tous ! Oui, c’est aux experts, fins connaisseurs des enjeux de l’économie mondiale, de s’approprier de ce débat sur la loi de finances. C’est à eux de reformuler tout ce projet et de corriger ses déficiences qui peuvent charrier des blocages dangereux pour notre pays.
Et il n’est pas trop tard pour agir. Deux solutions existent. La première recommande l’intervention du Conseil Constitutionnel qui peut bloquer cette loi de finances 2016 au regard de certains de ces articles très mal-formulés qui violent les principes de la Constitution algérienne, telles celles offrant de super-pouvoirs au ministre des Finances qui peut décider comme il veut des budgets non-consommés. Et même si le Conseil constitutionnel fait, comme de coutume, la sourde oreille, les autorités, sous la pression des experts et de la société civile, peuvent rectifier leurs erreurs en établissant des mécanismes d’application qui redonneront du bon sens aux différents articles controversés de cette loi de finances 2016.
Que faut-il changer et modifier ? Un collège d’experts, mené par des compétences de très grande qualité comme Abderrahmane Hadj Nacer et Abdelatif Benachenhou, pourra aisément élaborer une loi alternative à même de mener notre pays sur les berges du développement. L’Algérie ne manque pas de matière grise pour améliorer sa gouvernance. Au sein de sa diaspora par exemple, elle regorge d’esprits brillants. Le régime doit leur tendre la main, les laisser travailler et cesser de les mépriser. Ces experts nous expliqueront l’importance des garde-fous dans une loi de finances.
L’ouverture du capital des entreprises publiques doit se faire, comme dans tous les pays qui ont réussi leur transition économique, sans confondre entre privatisation et bradage. Exemple concret: la BNA, une banque publique très mal-gérée, doit s’ouvrir à un partenaire étranger. Si un partenaire comme la Deutsche Bank prend en charge la gestion de la BNA et applique les standards de son management, la BNA sera entièrement revitalisée. Elle deviendra enfin une véritable banque ! Dans cette optique, la Deutsche Bank a totalement le droit de détenir une partie importante du capital de la BNA. Mais, dans une première étape, il n’est pas normal que l’Etat algérien sauvegarde uniquement 34 % ! Pourquoi ? Imaginons que la Deutsche Bank décide, sur un coup de tête, de vendre la BNA à un fonds spéculatif international qui lui, ne dispose d’aucune qualification prouvée mondialement, pourrait la céder une nouvelle fois à un autre acteur sans tenir compte des besoins de l’économie nationale, ce serait une véritable catastrophe ! Des emplois seraient menacés et les fonds propres de cette banque pourraient fuir l’Algérie.
C’est pour éviter un tel scénario, totalement probable, que des gardes-fous sont nécessaires. L’Etat algérien doit garder la majorité des actions des entreprises publiques éligibles à la privatisation,pour ensuite lâcher du lest en fonction des performances de l’investisseur privé et étranger. Une telle solution est simple et arrangera les intérêts de tout le monde: l’Algérie et l’investisseur privé. La même réflexion pourrait être menée concernant l’augmentation de certaines taxes. En période de crise, le citoyen doit faire des sacrifices pour son pays. En Algérie, on paie certains produits comme les carburants à un prix ridiculement bas. Il faut que cela change. Mais, on ne développe jamais un pays en taxant uniquement les pauvres et en asphyxiant leur pouvoir d’achat. Le tabac, il fallait le surtaxer aussi. Le produits de luxe prisé par les riches, il fallait les surtaxer. L’Algérie récupérera de l’argent en imposant une taxe sur les super-riches. Ce juste équilibre garantira la justice sociale et fédérera l’opinion publique autour de ce vaste mouvement de réforme.
D’autres pistes de réflexion existent. Comme la création de zone franches pouvant attirer les investisseurs étrangers dans notre pays grâce à d’importants avantages fiscaux. Au Maroc, à Dubaï, ces zones ont fait leur preuve et elles ont boosté l’activité économique. Dans ces zones, on ne débattra plus du 51/49, et l’étranger qui créé des emplois, de la richesse et exportera vers l’étranger, aura une totale souveraineté. Des solutions existent. Il suffit juste d’avoir l’intelligence nécessaire pour les imaginer. Les profanes qui ignorent tout de l’économie doivent se taire. L’Algérie n’a pas besoin de leurs approximations. Notre pays a besoin des lumières de ses experts.