Le couperet est tombé. Bouteflika, Abdelaziz ou Saïd, peu importe, en tout cas celui qui use de ce nom pour diriger l’Algérie, a pris sa décision : l’actuel gouvernement de Sellal ne connaîtra aucun changement. C’est un source autorisée de la Présidence de la République qui l’affirme à l’APS. Autant dire que c’est officiel. Il faut croire qu’El Mouradia ne considère pas comme une urgence le fait de changer des ministres, de sanctionner ceux ou celles dont les bilans sont pour le moins médiocres, ou de promouvoir des compétences qui peuvent servir le pays dans ce contexte de crise aiguë.
La source autorisée au niveau de la Présidence citée par l’agence officielle l’APS dénonce même la « persistance des spéculations et commentaires ». En clair, les Algériens et Algériennes qui ont mis en avant le nécessaire remaniement gouvernemental sont des gens « dangereux », voire des « traîtres » qui n’aiment pas leur pays. Le statu quo, voila ce que préfèrent les décideurs de l’ombre qui n’ont toujours pas compris que l’Algérie traverse une des pires crises structurelles de son histoire.
Le statu quo pour maintenir les équilibres internes, afin de garantir la survie d’un régime et non celle de tout un pays. Le statu quo pour ne pas troubler l' »harmonie » hégémonique imposée par les calculs politiques des divers clans composant l’architecture du pouvoir. Le statu quo pour récompenser les hommes et les femmes qui ont servi la cause du 4e mandat, la reconduction de l’arbitraire et le maintien de la « sécuritorcratie ». Le statu quo pour ne pas décevoir la meute de béni oui-oui qui ramasse sans sourciller les raclures du Palais d’El-Mouradia.
Finalement, le statu quo est la religion officielle du régime algérien. Une religion qui déclare illicite l’alternance au pouvoir puisque certains ministres occupent leurs fonctions depuis plus de dix ans. Une religion qui prohibe la compétence et le mérite. Une religion qui « haramise » la critique et surtout l’autocritique, puisqu’aucun ministre ou décideur n’est rappelé à l’ordre en soumettant à l’audit son bilan, l’impact de ses décisions. Une religion qui tourne le dos à la possibilité d’une quelconque mutation. Le pouvoir rend aveugle, dit-on. Mais, en Algérie, il rend autiste. Demain, le grand tribunal de l’histoire rendra son lourd verdict contre les maîtres autistes du palais d’El-Mouradia qui ont choisi le statu quo au détriment du développement de leur pays. Et l’histoire est implacable.