Les responsables de l’ENTMV ne pouvaient pas imaginer pire début pour le transport maritime à Alger. Bousculades, embouteillages, retards… La navette maritime reliant la Pêcherie à la madrague navigue en eaux troubles.
Moins d’une semaine après sa mise en service, c’est toujours la croix et la bannière pour monter à bord du « Captain Morgan », le ferry italien de 300 places affrété par l’ENTMV pour relier, le port de la Madrague, à Ain Benian, à la Pêcherie d’Alger. Les bousculades et autres désagréments constatés par sur place, lors des premiers jours de son lancement – la ligne maritime a été inaugurée le 4 août dernier –, ne se sont pas dissipés. Pire, les choses semblent se compliquer puisque c’est maintenant autour de l’équipage italien d’exprimer son mécontentement.
Et pour cause, les habitants d’Alger, qui découvrent le transport maritime après des décennies d’attente, ne jouent pas vraiment le jeu. La plupart des badaux croisés à la Madrague et à la Pêcherie ces derniers jours viennent avec l’idée de faire une traversée en mer à bord d’un ferry, comme de simples touristes, plutôt que pour se déplacer d’un extrême à un autre de la capitale algérienne, comme de véritables usagers des transports publics. Ainsi, les longues files pour l’achat d’un ticket à 50 dinars ne désemplissent pas. Et l’incivisme de certains résidents d’Alger la gestion du ferry encore plus difficile. « A son inauguration, la ligne devait fonctionner avec cinq navettes quotidiennes, excepté le dimanche (jour de repos de l’équipage italien). Le bateau affrété devait faire des escales de 30 minutes et des traversées de 40 minutes. Mais l’affluence des gens et les débordements ont fait que les escales prennent plus de temps que prévu », a déclaré à l’APS le directeur commercial par intérim de l’ENTMV, Mahdab Mohamed Fethy. Ainsi, les traversées dépassent parfois la durée prévue.
La gronde de l’équipage italien
Autre problème : certaines passagers, à l’arrivée, ne veulent pas descendre afin de faire le voyage retour. Ce qui, normalement, n’est pas possible puisque, pour l’itinéraire contraire, d’autres clients, ayant déjà payé leurs places, attendent à l’extérieur de monter à bord. Des situations qui occasionnent des retards. Ce qui n’est pas du goût de l’équipage, contraint de faire des heures supplémentaires. « Dans le contrat d’affrètement du bateau, ils sont censés travailler huit heures par jour, mais les 5 et les 7 août, ils sont rentrés à leur hôtel à minuit », indique M. Mahdab. L’ENTMV a affrété ce ferry pour une période de trois mois, avec une prorogation possible de plus deux mois. Mais, étant donné les débuts chaotiques de cette navette fluviale sur les eaux de la baie d’Alger, pas sûr que le partenariat entre le propriétaire italien du « Captain Morgan » et l’ENTMV soit reconduit.
Elyas Nour