Rétrospective 2014 : ces dix personnalités algériennes méritent un carton rouge

Redaction

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Abdelaziz Bouteflika

– La Palme d’Or des dix personnalités qui ont le plus déçu les Algériens durant l’année 2014 revient incontestablement au Chef de l’Etat. Très malade, se déplaçant sur un fauteuil roulant, il s’est quand-même présenté à l’élection présidentielle d’avril 2014. Sans surprise, il a été réélu dans ce qui est qualifié de mascarade électorale, boudée par l’opposition. Il n’a tenu aucun meeting pour parler au peuple algérien durant la campagne électorale. Des télévisions étrangères se sont moquées de ses apparitions furtives à la télévision nationale où des montages de l’ENTV tentaient de le montrer vainement en bonne posture.

Abdelmalek Sellal

– Considéré comme technocrate et bon gestionnaire, il n’arrête pas de prouver le contraire et de collectionner les échecs. Ses promesses de résoudre la crise qui a secoué la ville de Ghardaïa, et d’autres villes du sud, ont essuyé un échec. Il s’est illustré par sa politique de bricolage et replâtrage pour faire face à la montée du front social. Directeur de la campagne électorale pour le candidat Bouteflika, sa blague de mauvais goût sur les Chaouis a provoqué un grand élan d’indignation et de condamnation. Dernièrement, il a invité le président français, François Hollande, à venir lui-même à Alger pour s’assurer que l’état de santé de notre Président s’améliore !

Abdelfettah Hamadache

– C’est incontestablement la personne la plus rocambolesque de l’année 2014. Le chef autoproclamé du Front de la Sahwa ne rate aucune occasion de s’attaquer de manière virulente à tout ce qui lui semble non-conforme à la religion. En mal d’écoute, puisque ses appels à des rassemblements ne drainent qu’une dizaine de fanatiques tolérés par l’Etat, il affiche une haine sans limites envers les gens de l’art et de la pensée. Il a appelé à interdire de sortie en Algérie du brillant film « l’Oranais », du talentueux réalisateur Lyes Salem. L’impunité totale dont il bénéficie de la part de l’Etat l’a encouragé à pousser le bouchon encore plus loin en émettant une Fatwa portant un appel au meurtre contre le talentueux écrivain, finaliste du célèbre prix Goncourt, Kamel Daoud. Un appel qui a suscité un grand élan de solidarité pour ce dernier.

Abdesslam Bouchouareb

– Nommé au ministère de l’Industrie et des Mines pour le récompenser de son soutien au Président de la République durant la campagne électorale pour l’élection d’avril 2014, Abdesslam Bouchouareb n’a visiblement pas assez de temps pour s’occuper de développer le secteur industriel, car il semble avant-tout très occupé à régler ses comptes avec tous les patrons qui n’ont pas soutenu son mentor, Abdelaziz Bouteflika. Le cas le plus flagrant et unique dans les annales de l’industrie en Algérie est la volonté affichée, sans aucune gêne, par ce ministre, d’étouffer, et mettre des bâtons dans les roues de la première entreprise nationale privée, CEVITAL. Une tâche à laquelle il s’adonne à plein temps. Dernièrement, il a participé à l’inauguration de l’usine Renault Algérie à Oran. En plus du prix exorbitant qu’a coûté cette usine à l’Algérie, le prix de la voiture (le plus bas de la gamme Renault) montée dans cette usine est jugée exagérément cher.

Amar Ghoul

– C’est le ministre le plus controversé du gouvernement. Il ne passe pas d’un Département ministériel à un autre sans soulever un tas de scandales financiers. Après avoir dirigé le ministère des Travaux Publics lors de l’éclatement du scandale de l’autoroute est-ouest, il s’est retrouvé  à la tête du ministère des Transports après la Présidentielle d’avril dernier, lors de laquelle il a fait campagne pour Bouteflika avec son parti politique TEJ. Le ministre des Transports s’est illustré, depuis, par une gestion catastrophique après le crash de l’avion affrété par Air Algérie, le 14 juillet dernier au nord du Mali. Quelques jours auparavant, il s’était engagé dans un bras de fer avec le PDG de la même compagnie pour faire appliquer des prix que la compagnie nationale ne peut même pas proposer au regard de ses difficultés financières. Quelques semaines après le crash, Amar Ghoul s’en est pris carrément aux Algériens, auxquels il a reproché de « vouloir voyager dans le luxe et gratuitement ». Et pendant ce temps-là, aucun vol d’Air Algérie n’arrive à l’heure ! Bravo monsieur Amar Ghoul !

Amara Benyounes

– Il a été le supporter le plus zélé du Président Bouteflika. Le président du MPA s’est attiré les foudres des Algériens lors de la campagne électorale précédente avec sa formule insultante envers ceux et celles qui ne sont pas favorables à Bouteflika lors de ses meetings, « Na3l bou li mayhebnache ». Choqués par ces propos burlesques, de nombreux Algériens, hostiles à la réélection d’un Président malade et diminué, n’ont pas pardonné ce comportement à ce ministre qui s’est recadré par la suite en supprimant cette insulte envers le peuple dans ses discours. En panne d’arguments pour vendre les qualités de son candidat, il apprend aux Algériens qu’un président gouverne avec sa tête et non avec ses pieds, et que « son cerveau  fonctionne mieux que celui de ceux qui veulent lui faire barrage ».

Youcef Yousfi

Le ministre de l’Energie a imposé son très controversé projet d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste en deux temps trois mouvements. Malgré les mises en gardes des spécialistes du domaine sur les conséquences néfastes de ce projet, de son manque à gagner pour le pays, et les protestations des militants pour la protection de l’environnement, Youcef Yousfi est resté de marbre et a annoncé qu’il avait d’ores et déjà engagé des entreprises étrangères pour l’exploration et l’exploitation de ce gaz. Par ailleurs, les projets d’exploration et d’exploitation de l’énergie renouvelable sont restés lettre morte. Pourtant, le potentiel de notre pays dans l’énergie solaire est considéré comme l’un des plus importants au monde. Mais qui peut expliquer ça à Yousef Yousfi ?

Fella Ababsa

Cette chanteuse, qui ne fait plus recette avec ses chansons, s’est apparemment trouvé un autre créneau pour faire le Buzz. Au printemps passé, elle a affirmé sur un plateau d’une télévision étrangère qu’elle a soutenu l’équipe nationale d’Algérie dans une étrange compétition internationale ; la coupe d’Afrique ta3 l’Allemagne, (La coupe d’Afrique d’Allemagne !). Réputée proche du pouvoir, elle a posté  une vidéo sur YouTube, où elle apparaît en larmes, pour tirer à boulets rouges sur le régime à qui elle reproche d’avoir « clochardisé les artistes algériens ». Elle interpelle le Premier ministre, Abdelmalek Sellal en lui disant : « On n’a pas quoi manger ! » Elle traite la ministre de la Culture, Nadia Labidi, ainsi que son staff de « médiocres ». Ce qui lui a attiré beaucoup de soutiens et d’affection de la part des Algériens. Deux jours plus tard, elle fait un virage à 180° en affirmant que la ministre de la Culture est même « très extraordinaire », qu’elle a toujours soutenu Bouteflika et qu’elle le soutiendra encore pour un 5ème mandat !

Cheikh Chemseddine

Il n’est pas moins virulent que son congénère Hamadache, comme peut le dissimuler son ton comique. Ne sachant visiblement pas ce qu’est un film, il traite, avant même de le voir, « L’Oranais » de Salem Lyes de « film satanique ». Il a  interpellé en urgence la ministre de la Culture afin  d’interdire ce film en Algérie, ainsi que les habitants d’Oran à se mobiliser pour le rejeter. Les vidéos du prédicateur d’Ennahar TV, qui parle habituellement des sous-vêtements des filles et des comportements des femmes, constituent une source intarissable de moqueries des internautes en Algérie. Pour Cheikh Chemsou, les filles ne doivent même pas lécher des glaces en public ! Un langage extrémiste,  loin de la bonne parole qu’il se targue de défendre à chaque fois.

Rachid Boudjedra

S’il est considéré comme un auteur qui a du talent quand il écrit des romans, Boudjedra révèle aux Algériens, cette année encore, son grand talent à raconter, sans rougir, des sornettes sur les autres écrivains algériens. Au printemps passé, les journalistes ayant pris part à une rencontre avec Boudjedra à l’hôtel El-Aurassi sont revenus stupéfaits suite à ses déclarations à propos de Yasmina Khadra. Au-delà du fait qu’il lui nie la qualité d’écrivain (qui se dit plus célèbre que l’Algérie), il raconte à qui veut l’entendre que l’auteur de « L’attentat » trompe sa femme dans des hôtels. La semaine passée, Rachid Boudjedra a enfoncé Kamel Daoud suite à l’appel du salafiste Hamadache. Au moment où Hamadache poste son appel au meurtre contre Daoud sur Facebook, Rachid Boudjedra a investi les studio d’Ennahar TV pour traiter le livre de Kamel Daoud de « médiocre ». Pour prouver à Kamel Daoud qu’il est Arabe, Boudjedra avait mis en exergue l’équation selon laquelle « Les Arabes ont inventé le Hammam, et Kamel Daoud rentre au Hammam, donc il est Arabe ».