Abdelaziz Bouteflika a enfin mis un pied dans la campagne électorale. Alors que son équipe de campagne entame dès aujourd’hui les meetings populaires dans plusieurs wilayas, le Président s’est contenté d’une lettre dans laquelle il précise ses intentions politiques.
Abdelaziz Bouteflika a changé les règles de la campagne électorale en publiant une lettre de candidat, et non en donnant un discours de candidat. Pourtant le Président avait habitué les Algériens à de grands meetings populaires et des déclarations enflammées. En 2014, il propose une nouvelle formule en envoyant ses animateurs présenter son programme électoral rendu public la semaine dernière.
Un programme qu’il a justement évoqué dans sa lettre. Sa première mesure sera donc « une révision de la Constitution qui sera menée dans le courant de cette année ». Une réforme qui pourrait avoir des conséquences importantes sur l’avenir de l’Algérie. Abdelaziz Bouteflika justifie cette révision pour « créer les conditions politiques et institutionnelles, avec l’ensemble des acteurs représentant les différents segments de la société, permettant l’édification d’un modèle de gouvernance répondant aux attentes et espérances de notre peuple ».
Président socialiste
Plus brièvement Abdelaziz Bouteflika a également évoqué le des problématiques sociales et de la santé. » Il reste tant et tant à faire pour assurer à l’ensemble des catégories sociales de notre pays leur emploi, leur sécurité, leur environnement, leur santé et l’avenir de leurs enfants », reconnait-il dans sa lettre, indiquant que son 4eme mandat sera l’occasion de les renforcer.
Protéger l’Algérie
Abdelaziz Bouteflika joue également sur l’instabilité des pays qui entourent l’Algérie, pour justifier sa candidature. La Libye, les problèmes au Sahel, ou encore les troubles en Tunisie sont autant d’arguments pour le Président-candidat qui le poussent à rester à la tête de l’Algérie, lui qui ne cesse de rappeler qu’il lui a offert la « stabilité ».
« Dans le contexte géopolitique qui entoure notre pays, je n’ai d’autre ambition que celle de le préserver des nuisances et des menaces qui peuvent compromettre le parachèvement de son développement global », écrit-il dans sa lettre. Et d’ajouter « je me propose de consacrer le nouveau mandat que vous me demandez d’assumer à la préservation de notre pays des effets des hostilités internes et externes avérées et potentielles de toutes natures. »
Une intervention incongrue
Il est à noter toutefois que sa lettre de candidat a été publiée à la veille de la campagne électorale sur un média public qu’est l’APS. Depuis ce matin les autres organes de presse nationaux, le message du candidat Bouteflika est relayé chaque heure. Une entorse au code électoral qui définit exactement le temps consacré aux candidats aux médias. Certes ici le Président ne prend pas la parole, mais son message est diffusé comme s’il s’agissait d’un discours. Pourtant tous les candidats sont soumis aux mêmes règles, comme Abdelaziz Bouteflika le rappelle lui-même dans sa lettre : « Mon voeu est que la compétition électorale entre les candidats se déroule de manière loyale et sereine ». Cela semble d’ores et déjà compromis.